Qu’y a-t-il de pire que de trouver un poil dans sa nourriture ? Manger avec des poils qui poussent dans la bouche ! C’est ce dont souffre une jeune italienne, atteinte d’une forme unique de maladie hormonale à l'origine d'une pilosité excessive.
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En 2009, Daniela (prénom changé), une jeune italienne de 19 ans, se présente à l'hôpital en se plaignant d'un poil désagréable sur son palais. Après des examens sanguins et une échographie, elle est diagnostiquée d'un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Cette maladie, due à un dérèglement hormonal d'origine ovarienne, ou central (au niveau du cerveau), entraîne une production excessive d'androgènes, en particulier de testostérone. Les patientes sont atteintes de troubles de l'ovulationovulation, d'une adiposité excessive, d'acnéacné, d'une chute des cheveux (alopéciealopécie) et d'une d'hyperpilosité (hirsutisme). Mais alors que les poils se développent habituellement sur le corps et le visage, Daniela voit elle un poil pousser dans sa bouche. Les médecins jugent alors sa présence accidentelle. Ils retirent le poil embarrassant et lui prescrivent une pilule contraceptive, ce qui règle le problème.
Six ans plus tard, la jeune femme revient pourtant en consultation. Elle a stoppé son traitement hormonal et cette-fois-ci, des poils supplémentaires sont apparus sur les gencives. Son menton et son cou sont par ailleurs recouverts de poils durs. En examinant sa cavité buccale, les médecins découvrent des poils bruns « semblables à des cilscils » entre les incisives, qui sont une fois encore retirés. Mais la situation ne cesse d'empirer. Un an après, les poils ont émergé entre de nombreuses dents, aussi bien sur la mâchoire maxillairemaxillaire que mandibulaire.
À peine cinq cas recensés dans la littérature médicale
Un cas stupéfiant et totalement unique, décrivent les médecins dans le journal Oral Surgery, Oral Medicine, Oral Pathology and Oral Radiology. « À notre connaissance, il n'existe que cinq cas de pilosité orale dans la littérature », indiquent les auteurs, et aucun encore associé au SOPK et chez une femme. En 1980, un unique poil a été examiné chez un homme de 45 ans, lié à la présence fortuite d'une glandeglande sébacée dans la gencive. En 1986, un jeune garçon de 13 ans consulte pour des poils noirs et fins de 4 à 6 millimètres poussant dans sa gencive supérieure, un symptômesymptôme que les médecins relient à son alopécie précoce. Le cas le plus étonnant est celui d'un jeune garçon de 11 ans, dont les poils s'étendaient sur la langue, le palais, le pharynxpharynx et la lèvre intérieure, avec une croissance puis une chute rapide des cils.
Une curieuse forme d’ectopie
Concernant Daniela, « une des explications probables est la présence de glandes sébacées ectopiques dans le tissu buccalbuccal, expliquent les médecins. La cavité buccale est dérivée d'une structure appelée stomodeum [un tissu situé dans la cavité entre le cerveau et le péricarde chez l'embryonembryon], qui a pu se retrouver dans la bouche lors d'une anomalieanomalie du développement ». Ce dernier, muni de glandes sébacées et d'autres cellules cutanées, peut alors produire des poils. En l'absence de traitement hormonal pour corriger l'hyperpilosité, les poils vont alors repousser indéfiniment comme ceux de n'importe quel bout de peau. C'est ce qui s'appelle avoir un cheveu sur la langue au sens propre.