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Le virus de la grippe aviaire pourrait théoriquement se recombiner génétiquement avec des souches infectant l'Homme. Ce risque, très grave, a conduit à prendre des mesures préventives qui ont montré leur efficacité. © CNRS
Mis en place en 1993, l'ESWI établit une connexion permanente entre recherche, responsables politiques et professionnels de santé. Il travaille aussi en étroite liaison avec l'OMS, dont le rôle dans la surveillance des souches virales circulantes et la préparation d'une stratégie de défense et de prise en charge est majeur.
Sans conteste, la pandémie de grippe dite espagnole de l'été 1918 a le plus marqué les mémoires. Avec un bilan supérieur à celui de la Première Guerre mondiale, elle a été la plus virulente des 20 à 30 pandémies grippales endurées par le monde depuis... le quinzième siècle. Directeur du Centre national de Référence de la Grippe à Lyon, le Pr Bruno Lina souligne que « l'estimation la plus réaliste, basée sur environ 40 millions de morts, concerne une population mondiale de 1,5 milliard d'individus ».
Celle-ci est proche aujourd'hui de 6,8 milliards. Et avec le développement des transports de massemasse - inconnus en 1918 -, les enjeux sont tout autres... Devons-nous alors considérer que la pandémie de grippe à virus aviaire sera la grande peur de demain ? Parce que le monde se prépare sans relâche depuis plus de 10 ans, la réponse à cette question est sans doute négative.
Sous l'impulsion de l'OMS, des plans ont été mis en place dans des pays toujours plus nombreux. Celui de la France, élaboré depuis 3 ans, est l'un des plus complets à ce jour. Les souches virales en circulation sont veillées comme le lait sur le feufeu, la recherche sur les antivirauxantiviraux enregistre des progrès permanents. Et surtout dans le domaine des vaccins, un concept inconnu encore il y a deux ans - celui du vaccin prépandémique qui nous donne un coup d'avance sur les mutations à venir - a enfin débouché. Le premier a reçu son feu vert européen en avril dernier. C'est un pas décisif.
H5N1 aviaire : en 15 ans, 387 cas humains, 245 morts
Pour autant, tout ne va pas pour le mieux. Même si le président de l'ESWI, Albert Osterhaus, s'est félicité que « l'accès à des vaccins prépandémiques ouvre la perspective de plans encore plus performants », la menace est plus réelle que jamais. « Des 25 épizootiesépizooties (grippales, NDLRNDLR) auxquelles nous avons été confrontées depuis 1959, la seule aussi longue et étendue est sans aucun doute l'épizootie actuelle à virus A(H5N1) », confiait le Pr Luno Lina à l'ouverture du congrès.
Les 137 cas humains de grippe aviairegrippe aviaire à virus H5N1virus H5N1 enregistrés depuis 2005 en Indonésie ont entraîné la mort de 112 personnes. Depuis 15 ans, 387 cas humains ont été enregistré dans 15 pays, dont 245 mortels. Alors oui, comme le souligne Bruno Lina « c'est la première fois que nous avons assez d'avance sur le virus pour prévenir ou tenter de contrôler une pandémie. Mais la menace doit être considérée sur le long terme, comme pour les tremblements de terretremblements de terre. Et nos plans doivent être réévalués et ajustés en continu ».
Le plan français, dont la quatrième version est en préparation, sera prochainement révisé. Le Comité ad hoc remettra ses recommandations au Directeur général de la Santé Didier Houssin, « d'ici au maximum un mois ou deux », a-t-il confirmé lors d'une conférence de presse.