Une étude espagnole récente montre que des gestes simples, applicables par tout le monde, peuvent être d'une grande efficacité  dans la lutte contre le moustique, ce qui freine la transmission des virus vecteurs de maladies.

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    Le moustique-tigre est responsable de la transmission de nombreux virus, dont celui de la maladie chikungunya. Pourtant des gestes simples peuvent freiner l'augmentation des populations. © smccann, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

    Le moustique-tigre est responsable de la transmission de nombreux virus, dont celui de la maladie chikungunya. Pourtant des gestes simples peuvent freiner l'augmentation des populations. © smccann, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

    Ah l'insupportable bourdonnement du moustique qui vient nous déranger pendant nos vacances, pendant la nuit, pendant l'apéritif, sur la plage, au camping... Si seulement on pouvait s'en débarrasser pour de bon ! Eh bien  des chercheurs y travaillent. Bien sûr, leur but est d'éradiquer la transmission des virus responsables de maladies telles que le paludisme, la dengue ou le chikungunya. Pas vraiment d'améliorer le confort personnel des vacanciers.

    Des chercheurs de l'université de Barcelone ont examiné l'efficacité de quatre gestes simples sur le taux de féconditétaux de fécondité des moustiquesmoustiques-tigrestigres (Aedes albopictusAedes albopictus) : éviter la formation d'eaux stagnantes, traiter les larveslarves et les œufs avec des insecticidesinsecticides, traiter les adultes également avec des insecticides et se débarrasser des déchetsdéchets.

    Ces gestes simples doivent, en théorie, provoquer la diminution des populations de moustiques. Le cycle du moustique se compose en effet d'une phase aqueuse : la femelle adulte dépose ses œufs dans l'eau douceeau douce. Les eaux stagnantes sont donc un endroit privilégié pour le développement des œufs. Toute la phase larvaire a ensuite lieu dans l'eau. En évitant la formation de zones d'eau stagnante, on réduit les milieux disponibles pour le développement des larves.

    Cycle de vie du moustique femelle. Une des phases de développement du moustique (mâle et femelle) a lieu sous l'eau. © Institut Louis Maladré

    Cycle de vie du moustique femelle. Une des phases de développement du moustique (mâle et femelle) a lieu sous l'eau. © Institut Louis Maladré

    Quarante-six pour cent de moustiques en moins

    Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, les moustiques ne se nourrissent pas de sang. Celui-ci est récolté par la femelle uniquement et constitue une source d'énergieénergie pour ses œufs. Les adultes se nourrissent de nectar de fleur, de jus ou encore de matièrematière en décomposition. D'où l'importance de ne pas laisser traîner de déchets alimentaires.

    Les résultats de l'étude espagnole confirment ces prédictions. Réalisée au sein de 3.104 foyers entre 2008 et 2009, elle affiche des résultats probants, publiés dans la revue Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene. En 2008, alors qu'en moyenne, le nombre d'œufs par maison était de 272 dans les zones témoins, il était de 175 dans les zones ayant subi une intervention, soit une diminution du nombre d'œufs de 36 % (voir graphique ci-dessous).

    Nombre d'œufs (médiane) capturés dans les différentes zones de l'étude. En 2008 (graphique du haut) les zones 1 et 2 sont des zones où les habitants ont appliqué les gestes de lutte. Les zones 3 et 4 sont des zones témoins. En 2009, les zones 3 et 4 sont devenues des zones de lutte, tandis que les zones 1 et 2 subissaient une intervention pour la deuxième année consécutive. Les zones 5 et 6 sont des zones témoins. © Abramides <em>et al.</em>, 2011 - <em>Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene</em> - traduction Futura-Sciences

    Nombre d'œufs (médiane) capturés dans les différentes zones de l'étude. En 2008 (graphique du haut) les zones 1 et 2 sont des zones où les habitants ont appliqué les gestes de lutte. Les zones 3 et 4 sont des zones témoins. En 2009, les zones 3 et 4 sont devenues des zones de lutte, tandis que les zones 1 et 2 subissaient une intervention pour la deuxième année consécutive. Les zones 5 et 6 sont des zones témoins. © Abramides et al., 2011 - Transactions of the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene - traduction Futura-Sciences

    En 2009, la différence s'est encore accrue puisqu'on a retrouvé en moyenne 1.668 œufs par foyer dans les zones témoins au lieu de 884 dans les zones ayant subi une intervention, soit une réduction de 46 %. Preuve est donnée que l'attention de chacun dans la lutte antimoustique est une arme efficace.

    Jusqu'en 2007, le moustique-tigre était jugé inoffensif en Europe puisque les virus qu'il transmet n'y étaient pas présents. En juillet 2007, il a cependant été reconnu responsable de la transmission du virus du chikungunya. En 2010, le premier cas de maladie a été détecté en France. En 2005 et 2006, l'épidémie qui avait sévi sur l'île de la Réunion avait touché 40 % de la population. La lutte contre le moustique qui transmet le virus est donc d'une importance capitale.