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L'espèceespèce humaine étant sociale, les individus doivent se confronter régulièrement à leurs congénères. Pourtant, certaines interactions peuvent engendrer un stress important, comme lors d'un entretien d'embauche ou d'un rendez-vous galant. Une anxiété qui peut faire dire des bêtises ou, au contraire, paralyser complètement.
Ces blancs embarrassants pourraient être amenés à disparaître, ou du moins à se faire plus rares, si l'on en croit les études menées par des chercheurs de l'université Concordia (Canada) et publiées dans Psychopharmacology. L'administration d'ocytocine à l'aide d'un spray nasal pourrait permettre de combattre l'introversion.
L'ocytocine est une hormone hypophysaire impliquée dans plusieurs comportements. Produite par exemple lors de l'accouchement, duquel elle doit son nom (« accouchement rapide » en grec), elle est également à l'œuvre dans les relations amicales et amoureuses ou les actes coopératifs. Des chercheurs suisses avait déjà montré, en 2005, que l'ocytocine favorise la relation de confiance. Ainsi, lors d'un jeu de rôle où les sujets choisissaient ou non de léguer leur fortune à un banquier au risque de perdre leur argentargent, ceux qui avaient respiré de l'ocytocine se sont plus souvent fiés à la personne en face d'eux. Preuve de son impact uniquement dans les rapports humains : lorsqu'une machine jouait le rôle de banquier, l'hormone ne modifiait pas le comportement. De ce fait, les chercheurs ont émis l'hypothèse que ce peptide pouvait modifier la perception que les gens avaient d'eux-mêmes et pourrait ainsi promouvoir les interactions sociales positives.
L'ocytocine, dont on peut voir ici une représentation tridimensionnelle, a été découverte en 1906. Cette hormone amène un sujet au calme et l'invite au contact, y compris par administration nasale. © fvasconcellos, DP
L’ocytocine, l’hormone des relations sociales
Une centaine d'étudiants volontaires âgés de 18 à 35 ans ont pris part à cette expérience. Pour être admissible, les candidats devaient répondre à différents critères, par exemple ne pas être fumeurs, ne pas consommer de drogues récréatives, ne pas prendre de médicaments et ne pas souffrir d'un trouble mental.
Les cobayes se sont administrés par voie nasale de l'ocytocine ou, pour l'autre moitié, un placebo. Après un délai de 90 minutes, tous les participants devaient répondre à un questionnaire portant sur leur niveau de neuroticisme (la tendance à ressentir des émotions négatives), l'extraversionextraversion, l'ouverture à des expériences nouvelles, le degré d'altruismealtruisme ainsi que quelques autres données.
L'analyse révèle que ceux qui ont respiré de l'ocytocine se montrent plus positifs, plus chaleureux, plus ouverts ou encore plus altruistes. En une phrase : l'ocytocine favorise l'extraversion. En revanche, l'hormone peptidique ne modifie pas l'estime de soi et n'évite pas le sentiment dépressif.
Il ne faut cependant pas crier victoire trop vite. Si elle améliore les performances sociales, l'ocytocine en spray nasal ne transforme pas encore un timide maladif en un animateur de cabaret. Ou alors peut-être à très haute dose, mais il existe toujours des risques d'effets secondaires, puisqu'on a déjà pu mesurer son rôle vasoconstricteur et donc hypertenseur. Les grands introvertis devront encore prendre leur mal en patience.