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Le meilleur facteur d'obésité: le contenu ou… le contenant ?
Aucune preuve formelle n'existe encore pour confirmer cette hypothèse. Cependant, de nombreux scientifiques, dont le docteur en biologie, auteur de nombreuses publications scientifiques et conférencier John Peterson Myers, de l'Environnementals Health Sciences aux Etats-Unis, indiquent que les arguments sont chaque jour plus convaincants et ils sont tous très préoccupants.
En cause, les "perturbateurs endocriniens", des micropolluants dont presque personne ne s'est préoccupé jusqu'à présent car leur concentration dans les aliments est extrêmement faible. Mais les effets de l'exposition de l'organisme s'observent à des niveaux bien moindres que ceux considérés nocifs pour la santé il y a seulement dix ans. Les scientifiques mesurent aujourd'hui les perturbations endocriniennes de contaminants comme l'arsenicarsenic, la dioxine, et le bisphénol Abisphénol A (composant de base des plastiquesplastiques polycarbonates) présents en faible proportion de parts par milliard. Passés sous silence par manque d'observation, ces substances ont surtout fait parler d'elles depuis que, récemment, elles semblent avoir été associées à une perte de fertilité des mâles de nombreuses espècesespèces. Leur structure chimique rappelle en effet celle des hormones et notre organisme a la fâcheuse tendance à les confondre...
Le professeur Fred Vom Saal, de l'université du Missouri, s'intéresse lui au Bisphemol-A. Cette substance a été étudiée pour la première fois au début du XXe siècle dans l'espoir d'en faire une hormone de synthèse, mais depuis, des moléculesmolécules plus prometteuses ont été découverte et le "produit-miracle" est retourné aux oubliettes des laboratoires. Jusqu'à ce qu'il en soit exhumé, non dans une perspective médicamenteuse, mais comme additif de certains plastiques.
Pourtant, l'avertissement existait déjà: chauffés, ou soumis à certains acidesacides, les plastiques relâchent ce Bisphemol-A, lequel se retrouve dans notre organisme, y compris dans le sang où on le détecte en quantité infinitésimale. Quelques parties par milliard. Cela peut paraître insignifiant, mais certains oestrogènes (des substances chimiquement voisines) agissent à des concentrations mille fois moindre...
Cela ne prouverait encore rien... s'il n'avait pas été récemment démontré en laboratoire que des souris femelles fécondées mises en contact avec le Bisphemol-A avaient une propension quasi automatique à produire une portée de rejetons chroniquement obèses !
Le professeur Vom Saal a donc pris la chose très au sérieux et entrepris des recherches approfondies sur le sujet. Ses conclusions, parfaitement étayées, sont sans appel. Le Bisphemol-A provoque une cascade de modifications épigénétiques touchant les cellules qui stockent la graisse, les adipocytes. Ceux-ci ne sont pas réellement modifiés, précise-t-il, mais "c'est comme si on ajoutait par-ci par-là un accent sur une lettre". Et l'effet sur l'organisme est désastreux: les adipocytes sont beaucoup plus nombreux et plus volumineux à la naissance, bref on obtient un super-candidat à l'obésitéobésité.
Bien sûr, cette étude n'est encore que parcellaire, et d'autres substances restent à étudier (par exemple, les adipocytes sont aussi perturbés par la nicotinenicotine ingérée par une mère fumeuse, qui a tendance à mettre au monde des enfants plus petits et à forte propension à l'obésité). Mais si ces éléments sont sans doute incapables d'expliquer une obésité individuelle, ils pourraient indiquer pourquoi le phénomène est devenu une véritable épidémieépidémie.
Le professeur Vom Saal est intarissable à ce sujet. Et il termine presque toujours ses exposés en indiquant que le Bisphemol-A est largement présent dans le plastique des biberons... et aussi dans le plastique des boîtes de Petri, premier berceau des "bébés-éprouvetteséprouvettes".