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L'obésité humaine a été reconnue comme maladie depuis 1997 par l'OMS. Ses causes en sont multiples. Parmi elles, il y a le manque d'activité physique, la sédentarité, une alimentation déséquilibrée ou excessive, mais aussi la génétique. De nombreux gènes impliqués avaient déjà été pointés du doigt. Cette fois, c'est au tour de GPR120. © Colros, Flickr, cc by sa 2.0
Au niveau sociétal, l'épidémie mondiale d'obésité est due aux modifications de notre mode de vie. Mais au niveau individuel, l'hérédité joue un grand rôle : chaque individu réagit différemment à l'environnement et notamment, à une alimentation déséquilibrée.
Les chercheurs du CNRS (université de Lille 2) se sont penchés sur un aspect particulier de cette hérédité. Leurs travaux, publiés en ligne le 19 février 2012 sur le site de Nature, précisent les mécanismes d'action des acides gras de type oméga-3 dans le maintien de l'équilibre métabolique et ouvrent la voie à des médicaments nouveaux contre les maladies hépatiques et lipidiques liées à l'obésité.
Les cellules de certains organes comme le foie, mais surtout les intestins, possèdent des récepteurs spécifiques qui captent les lipides alimentaires et transmettent un signal au cerveau, au foie, au pancréaspancréas et au tissu adipeuxtissu adipeux. Ce signal commande l'appétit, la préférence alimentaire et le stockage des graisses ingérées.
L'un de ces récepteurs, spécifique aux acides gras insaturés comme les oméga-3, est codé par le gènegène GPR120. Ce récepteur est particulièrement important car son activation stimule la production d'insulineinsuline et la sécrétionsécrétion de peptidespeptides de la satiété, hormoneshormones qui coupent l'appétit. Il intervient aussi dans le goût pour les graisses et la production de nouvelles cellules adipeuses qui stockent les graisses.
Inhibition du gène GPR120 chez des souris, cumulée à une alimentation riche : les rongeurs deviennent obèses bien plus rapidement que ceux chez qui le gène fonctionne encore. Indirectement, ce travail montre donc l'effet bénéfique des oméga-3 pour garder la ligne. © BigpInkton, Wikipédia, DP
GPR120, même rôle chez la souris et les Hommes
Pour mieux comprendre le rôle du gène GPR120, les chercheurs ont créé une lignée de souris chez qui ce gène est muté et par conséquent, dont le récepteur n'est pas fonctionnel. Ils les ont ensuite soumises à un régime riche en graisse et en glucidesglucides. Résultat : ces souris ont développé une obésitéobésité bien plus rapidement que les souris témoin. Elles ont aussi développé un diabète et une infiltration lipidique du foie, anomaliesanomalies qui ressemblent en tout point à celles que l'on observe chez les personnes obèses et qui peuvent déboucher sur des maladies mortelles telles que la cirrhosecirrhose et le cancer du foiecancer du foie, ou l'athéroscléroseathérosclérose accélérée.
Parallèlement, les chercheurs ont séquencé le gène GPR120 et ont découvert une mutation, R270H, qu'ils ont analysée chez 14.500 personnes obèses. Celle-ci, présente chez 3 % des obèses, invalide complètement le récepteur. Ils ont montré que cette mutation augmente de 60 % le risque de développer une obésité. Chez les porteurs de la mutation, les acides gras insaturés ne déclenchent pas le signal qui active les voies métaboliques telles que la production d'hormones de la satiétéhormones de la satiété. Parmi ces hormones on trouve le GLP1, utilisé comme médicament du diabètediabète car il favorise la production d'insuline.
Ces travaux montrent que GPR120 pourrait devenir une cible pour de futurs traitements contre l'obésité et les maladies hépatiques liées au surpoidssurpoids. En effet, l'activation pharmacologique du récepteur des acides gras insaturés pourrait permettre d'induire certaines réactions métaboliques s'avérant bénéfiques à l'organisme, même en absence d'alimentation équilibrée et riche en acides gras oméga-3.