Coup sur coup, trois études sur la maladie d'Alzheimer montrent de nouvelles avancées pour combattre cette maladie neurodégénérative. Au bilan : un diagnostic plus précoce, des médicaments qui ralentissent la progression de la maladie et un traitement qui stimule les capacités cérébrales.

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    La maladie d'Alzheimer est une affection qui touche les fonctions mentales et notamment la mémoire, par dégénérescence progressive des neurones du cerveau. Pour l'heure, il n'existe aucune thérapie qui permette à un patient de recouvrer ses facultés, mais des médicaments tentent de ralentir la progression. Pour cette maladie touchant très majoritairement des personnes âgées, les diagnostics précoces sont parfois difficiles à poser car les symptômes peuvent être confondus avec une diminution des facultés de mémorisation liées à l'âge.

    Sa progression est graduelle. Avant de déclarer effectivement la maladie, les patients rentrent dans une phase intermédiaire appelée trouble cognitif léger, entre la sénescence causée naturellement par l'avancement dans l'âge et la phase proprement dite de maladie d’Alzheimer. Les personnes présentant ce trouble cognitif léger ont alors un risque accru de développer la pathologiepathologie, mais le lien n'est pas systématique.

    Maladie d'Alzheimer : un diagnostic plus précoce

    L'équipe du professeur Matej Orešič, du Centre de recherche technique de Finlande, vient de mettre en évidence dans Translational Psychiatry des signaux moléculaires qui permettent de détecter, dans cette phase précédant Alzheimer, les patients qui déclareront la maladie dans les mois suivants.

    Les chercheurs ont utilisé la métabolomique, cette science qui s'intéresse aux métabolitesmétabolites, pour définir quels changements moléculaires étaient constatés chez 143 patients atteints de trouble cognitif léger. Pendant les 27 mois de suivi, 52 de ces personnes ont effectivement déclaré la maladie d'Alzheimer. Grâce aux échantillons sanguins récoltés, ils ont alors pu montrer que trois métabolites, dont les taux avaient varié, pouvaient être considérés comme éléments prédictifs d'une neurodégénérescence.

    Vue d'artiste d'un neurone en microscopie électronique à balayage. Le cœur du neurone est au centre tandis que tous les filaments permettent les connexions avec les cellules alentour. © 2003 Nicolas P. Rougier, Wikipedia, GNU

    Vue d'artiste d'un neurone en microscopie électronique à balayage. Le cœur du neurone est au centre tandis que tous les filaments permettent les connexions avec les cellules alentour. © 2003 Nicolas P. Rougier, Wikipedia, GNU

    Ils ont en plus noté une augmentation de la voie métabolique des pentosespentoses phosphatesphosphates, grandes fournisseuses d'énergieénergie à l'organisme. Ce qui implique en parallèle un ralentissement de la glycolyseglycolyse, probablement à cause d'une situation hypoxique (l'oxygène n'étant pas nécessaire à la première tandis qu'il l'est pour une meilleure efficacité de la seconde). Ils en concluent alors que cette hypoxiehypoxie et le stress oxydatifstress oxydatif pourraient être des facteurs favorisant l'apparition de la maladie. Les auteurs pensent pouvoir mettre en place un test permettant d'établir un diagnosticdiagnostic précoce chez des personnes n'ayant pas encore déclaré Alzheimer.

    L’efficacité enfin révélée des antioxydants

    Cela permettrait donc de ralentir l'évolution de la maladie plus en amont si l'on traite le patient avec une thérapiethérapie adéquate. Deux récentes pistes viennent d'ailleurs de faire naître un nouvel espoir.

    La thèse du stress oxydatif, proposée par les Finlandais, semble bien concorder avec les travaux menés par des chercheurs de l'université de Géorgie (États-Unis) et publiés dans le Journal of Neuroscience. En testant un antioxydant sur des souris génétiquement modifiées pour déclarer la maladie, ils ont constaté une apparition plus tardive des symptômes, y compris en ce qui concerne le déclin des facultés cognitives. « Le cerveau consomme 20 % de l'oxygène alors qu'il ne représente que 5 % du poids du corps, ce qui le rend particulièrement sensible au stress oxydatif » commente James Franklin, l'un des coauteurs.

    La piste des antioxydantsantioxydants avait déjà été creusée dans le passé, mais s'était révélée infructueuse. Meagan McManus, première auteur, pense savoir comment l'expliquer. « MitoQ, notre produit, s'accumule plus spécifiquement dans la mitochondriemitochondrie. Or le traitement est plus efficace quand il se retrouve directement dans la mitochondrie plutôt que lorsqu'il est juste présent dans la cellule. » Cependant, l'efficacité chez l'Homme reste encore à démontrer.

    Le médicament J147 contenu dans ce tube à essai pourrait un jour être utilisé chez l'Homme pour combattre la maladie d'Alzheimer. © <em>Courtesy of Salk Institute for biological studies</em>

    Le médicament J147 contenu dans ce tube à essai pourrait un jour être utilisé chez l'Homme pour combattre la maladie d'Alzheimer. © Courtesy of Salk Institute for biological studies

    J147, stimulateur et protecteur

    La concurrence est rude dans la course à un traitement efficace, et des scientifiques de l'Institut Salk pour les études biologies (La Jolla, États-Unis) annoncent dans Plos One avoir mis au point un médicament, J147, qui stimule la mémoire et préserve de la dégénérescence synaptique chez les souris atteintes par l'affection. David Schubert, l'un des participants aux travaux de recherche, précise : « Aucun médicament contre la maladie d'Alzheimer actuellement sur le marché n'a ces deux propriétés en même temps ». Les tests chez l'Homme devraient commencer dans un futur proche selon les auteurs.

    Si ces éléments permettent de rester optimiste, rappelons que selon le World Alzheimer Report paru en 2010, il y aurait plus de 35 millions de personnes actuellement touchées dans le monde. Ce même rapport prévoit 115 millions de victimes en 2050. Il serait donc bon d'endiguer l'épidémieépidémie le plus rapidement possible pour que ces évaluations soient à l'avenir largement revues à la baisse.