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- À lire, notre dossier complet consacré à l'autisme
L'heure est à la robotique. La preuve avec le salon Innorobo qui se tenait à Lyon entre le 19 et le 21 mars, et qui mettait à l'honneur les machines qui feront peut-être notre quotidien dans un avenir pas si lointain.
Parmi les exposants, on note la présence de l'entreprise française Aldebaran Robotics. Elle est venue y présenter son bébé, nommé Nao. Ce petit robotrobot de 58 centimètres de haut est équipé de deux caméras, de quatre micros ou encore de capteurscapteurs tactiles ou sensibles à la pressionpression. Il pourrait être utilisé pour favoriser le rapport entre l’Homme et la machine à différents niveaux, et notamment pour aider les enfants autistes.
C'est en tout cas dans ce but que des chercheurs américains de l'université Vanderbilt (Nashville, Tennessee) ont amélioré cet humanoïdehumanoïde. Avec succès d'ailleurs, comme ils l'expliquent dans la revue Neural Systems and Rehabilitation.
Des robots appréciés des enfants autistes
Les troubles du spectre autistiquetroubles du spectre autistique, que l'on résume souvent sous le terme « autisme », se caractérisent par divers symptômes ayant trait à des difficultés dans les relations sociales ou dans l'attention. Ainsi, les enfants autistes ne réussissent généralement pas les exercices standard d'attention conjointe, quand un thérapeute invite le jeune patient à focaliser son regard sur un objet en particulier, alors qu'un jeune du même âge ne souffrant pas de ce trouble du développement réussit sans problème.
Lors de ces tests, le thérapeute demande verbalement à l'enfant de regarder par exemple en direction d'une télévision qui diffuse un dessin animé. Si le jeune autiste ne réussit pas, alors on réitère la demande en ajoutant le geste à la parole, en pointant l'écran du doigt. Pour que l'exercice soit un succès, le thérapeute doit donc solliciter l'attention de son patient, ce qui n'est pas toujours une mince affaire. Cependant, des expériences ont montré que les enfants autistes portaient beaucoup d'intérêt aux robots. Ces objets animés qui parlent et agissent peuvent-ils aider le thérapeute dans sa démarche ?
L'autisme est un trouble du développement. Pour mieux atténuer les symptômes, il faut agir le plus tôt possible. Le robot Nao, en arrière-plan, doit pouvoir toucher et sensibiliser les jeunes enfants. © Joe Howell, université Vanderbilt
Thérapies par l’électronique
Le robot Nao a été équipé d'une architecture un peu plus sophistiquée par rapport au modèle de base, avec une structure nommée ARIA (Adaptive Robot-Mediated Intervention Architecture) par les scientifiques américains. L'humanoïde est placé sur une table, en face de la chaise où l'enfant est assis. Tout autour, des écrans diffusent des dessins animés, et des webcamswebcams, pointées vers la chaise, servent à déterminer les mouvementsmouvements de la tête du sujet afin d'évaluer la direction de son regard. Pour les y aider, l'enfant porteporte une casquette de baseball équipée de Led, que l'ordinateurordinateur suivra plus simplement.
Nao est programmé pour prononcer des phrases telles que « regarde là-bas » ou « participons encore un peu ». Ses mots sont associés à des gestes, identiques à ceux d'un thérapeute humain, comme le fait de pointer du doigt une direction.
Nao, le robot qui focalise l’attention
Pour tester l'efficacité de leur protocoleprotocole, les auteurs de cette étude ont comparé le succès de l'Homme et de la machine sur une douzaine d'enfants de 2 à 6 ans, dont la moitié souffrait d'autisme. Les participants du groupe témoin manifestaient davantage d'attention à l'expérimentateur humain que les autistes, d'après le temps de regard que chaque enfant consacrait à son interlocuteur. En revanche, les deux lots manifestaient autant d'intérêt au robot.
Ainsi, les auteurs ont montré que Nao pouvait de ce fait participer aux thérapies visant à améliorer le déficit d'attention conjointe constaté chez les enfants atteints de troubles du spectre autistique. En revanche, il n'est absolument pas question de remplacer les thérapeutes humains, qui adaptent bien mieux leur comportement au cas qu'ils ont face à eux que la machine.
Désormais, les scientifiques envisagent de développer de nouveaux robots afin d'apporter des solutions nouvelles à d'autres symptômes de l'autisme, ayant des rapports avec l'apprentissage, le jeu ou le partage.