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La greffe de cornée est l’une des plus pratiquées en France, mais le rejet reste un risque important. © Dr Wendy Longo/ Flickr - Licence Creative Commons (by-nc-sa 2.0)
En France, environ 4.000 greffes de cornées sont réalisées chaque année mais, d'après l'agence de biomédecine, 14 % ont abouti à un rejet de greffe en 2011. Une des difficultés tient au suivi du traitement par les patients après leur opération. Pour prévenir le rejet de greffe, ils doivent prendre des immunosuppresseurs comme des stéroïdes, mais ces médicaments, administrés sous forme de gouttes dans l'œil, nécessitent des doses fréquentes, et la duréedurée du traitement peut être longue. Ceci explique que de nombreux patients ne respectent pas toujours leur traitement, comme l'explique Walter Stark, un des auteurs de cette recherche parue dans Journal of Controlled Research : « environ 60 à 80 % des patients ne prennent pas leurs médicaments comme ils devraient ».
Les scientifiques ont donc cherché un moyen de prévenir les rejets en utilisant des nanoparticulesnanoparticules biodégradablesbiodégradables qui libèrent des médicaments après l'opération. Ils ont testé sur des rats des nanoparticules d'acideacide poly-(lactide-co-glycolide), ou PLGA, d'une taille de 200 nm, et contenant un corticostéroïdecorticostéroïde de synthèse : le phosphatephosphate sodique de dexaméthasone (DSPDSP).
Les rats qui ont subi une greffe de cornée ont été séparés en quatre groupes : un groupe a reçu des injections hebdomadaires, pendant neuf semaines, de nanoparticules biodégradables chargées de DSP ; les trois autres groupes ont reçu des injections hebdomadaires de nanoparticules salines, placeboplacebo ou du DSP en solution.
Les nanoparticules médicaments ont été testées chez des rats. © Jean-Etienne Minh-Duy Poirrier, flickr, cc by sa 2.0
Pas de rejet de greffe avec les nanoparticules chargées de corticostéroïdes
Les nanoparticules ont délivré des doses de médicament pendant 15 jours in vitroin vitro et pendant au moins sept jours après leur administration chez des rats, ce qui a permis de prévenir des rejets de greffe pendant les neuf semaines de l'étude. 65 % du traitement est resté dans l'œil. Les rats ne montraient pas de signe de gonflement, présentaient moins de néovascularisationsnéovascularisations que ceux des autres groupes, et leur cornée restait claire.
À l'inverse, chez les trois groupes témoins, les greffes étaient rejetées et s'accompagnaient des symptômessymptômes suivants : œdèmeœdème sévère de la cornée, néovascularisation et opacité en moins de 4 semaines. Le seul groupe qui ne montrait aucun signe de rejet était celui qui avait reçu des injections de nanoparticules chargées de corticostéroïdes : les greffes restaient viables chez 100 % de ces rats, ce qui permet à Justin Hanes, un des auteurs de l'article, de conclure : « c'est efficace à 100 %, c'est une découverte très prometteuse ».
La libération contrôlée de corticostréroïdes de manière locale pourrait donc réduire le taux de rejet de greffe de cornée, en particulier dans les jours suivant la chirurgiechirurgie quand le risque de rejet est le plus élevé. Ceci permettrait aux patients de suivre plus facilement leur traitement.