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Le temps qui passe n'est pas sans effet sur le corps et l'esprit. Au-delà des troubles physiquesphysiques qui s'instaurent avec l'âge, les capacités cognitives déclinent peu à peu chez les seniors. Plusieurs paramètres semblent impliqués dans les processus, parmi lesquels une diminution progressive du nombre de neurones dans une région spécifique du cerveau appelée hippocampehippocampe, impliquée dans la mémoire.
De précédentes recherches ont mis en évidence que la différenciation des cellules souches nerveuses était sous la dépendance de moléculesmolécules présentes dans le milieu. Ces cellules ont plusieurs options : elles restent à l'état dormant, elles se divisent ou se différencient soit en neurones, soit en astrocytes, une autre population des cellules nerveuses.
Cette différenciation dépend de la présence de deux molécules antagonistes. Dans le premier cas, c'est Wnt qui entre en lice. Dans le second, c'est une protéine nommée Dickkopf-1 (Dkk1). Or, chez les souris âgées, cette dernière est présente en plus grande quantité que chez les jeunes rongeursrongeurs. Serait-elle impliquée dans le processus de sénilité ? C'est la question à laquelle des chercheurs du Centre de recherche contre le cancer en Allemagne ont tenté de répondre.
Dkk1, la molécule qui favorise la sénilité
Les auteurs de ce travail, publié dans Cell Stem Cell, ont modifié génétiquement des souris afin d'éteindre le gène Dkk1, à l'origine de la protéine du même nom. À 18 mois, les animaux ont subi un test dans un labyrinthe, de façon à vérifier la capacité de mémorisation et d'orientation. Leurs résultats sont identiques à ceux de jeunes souris de 3 mois alors qu'en théorie, à un an et demi, âge avancé pour cette espèceespèce, les performances sont nettement moins bonnes.
Les souris de laboratoire génétiquement modifiées pour ne pas exprimer la protéine Dkk1 ont réussi à 18 mois des performances dans un test de mémorisation et d'orientation similaires à celles d'individu plus jeunes. La preuve que la molécule est impliquée dans le déclin des populations neuronales avec l'âge. © Alptraum, StockFreeImages.com
Rien d'étonnant car des mesures ont établis que les rongeurs génétiquement modifiés avaient en fin de vie, à deux ans, 80 % de neurones de plus que leurs congénères normaux du même âge. De plus, les connexions entre cellules nerveuses, les synapses, étaient de bien meilleure qualité. Ainsi, Dkk1 concourt bien au déclin cognitif.
L'ampleur des résultats a surpris les scientifiques. S'ils espéraient constater une amélioration des facultés intellectuelles, ils n'avaient pas prédit un tel effet.
L’inhibition de Dkk1 pour des médicaments à multiples facettes ?
L'idée désormais est de mettre au point des molécules capables d'inhiber Dkk1, également retrouvée chez l'Homme. Des anticorps spécifiques sont déjà en cours d'essais cliniques, pour un tout autre trouble. À voir s'il s'avèrerait aussi efficace contre la sénescencesénescence neuronale.
En plus de l'effet sur les capacités cognitives, la protéine pourrait avoir d'autres vertus. Une analyse comportementale a révélé que les souris mutantes étaient moins sensibles à la dépression que leurs congénères normales. Des efforts de recherche seront donc poursuivis pour connaître tout de ses propriétés thérapeutiques.