Avec le vieillissement de la population, la maladie de Parkinson prend de plus en plus d’ampleur. Ses causes restent cependant obscures et font l’objet de recherches intensives. Dans une étude récente, des chercheurs suggèrent qu’un composé volatil souvent émis par les moisissures influence le développement de la maladie.
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Après Alzheimer, Parkinson est la maladie neurodégénérative la plus fréquente dans le monde. Selon la Fondation pour la recherche médicale, elle toucherait quatre millions de personnes dont 150.000 Français. Les symptômes sont assez inégaux et peuvent se manifester par des tremblements, une dépression ou différentes perturbations motrices. Cette variabilité dans les signes cliniques conduit souvent les scientifiques à parler non pas d'une mais de plusieurs maladies de Parkinson.
Décrite pour la première fois en 1817 par le médecin anglais James Parkinson, la pathologie se caractérise par une perte progressive de certains neurones, en particulier ceux produisant de la dopamine, un messager chimique qui joue un rôle essentiel dans le cerveau. Malgré les nombreuses recherches réalisées sur cette maladie, ses causes sont encore mystérieuses. Les spécialistes soupçonnent qu'elle se déclenche suite à l'interaction de plusieurs facteurs incluant une prédisposition génétique et une exposition à des composés toxiques. Depuis plusieurs années, les métauxmétaux lourds et les pesticides sont par exemple suspectés d'augmenter les risques de développer cette pathologie.
Des chercheurs, de l'université Rutgers dans le New Jersey (États-Unis), se sont intéressés à l'effet des moisissures sur l'activité cérébrale de la mouche du vinaigremouche du vinaigre, Drosophila melanogaster. Leurs résultats, publiés dans la revue Pnas, montrent qu'un composé sécrété par le champignonchampignon entraîne un mauvais fonctionnement des neurones dopaminergiques, les cellules nerveuses productrices de dopamine.
Tout a commencé avec un ouragan
Cette étude a démarré de manière extrême. Alors qu'elle travaillait à l'université Tulane en Louisiane (États-Unis), Joan Bennett, la directrice de ces recherches, a été témoin de Katrina, l'un des plus puissants ouragans de l'histoire. Sa maison n'a pas été épargnée et s'est retrouvée envahie par les eaux puis recouverte par les moisissures, profitant de l'humidité ambiante pour s'insérer sournoisement dans les mursmurs.
Malgré cette infortune, la chercheuse a décidé de tirer profit de cette expérience traumatisante. Protégée par un masque et des gants, elle a collecté des échantillons de champignons microscopiques dans toute sa maison dévastée. « Je me sentais très mal, j'ai eu des migraines, des nausées et des vertiges, explique la scientifique, je savais que quelque chose chez ces moisissures me rendait malade mais je ne savais pas encore quoi. »
L’octenol, un composé volatil qui impacte le système dopaminergique
Afin de le découvrir, les auteurs ont testé l'effet de différentes substances fabriquées par les moisissures sur l'activité cérébrale de la mouche du vinaigre. Leurs expériences les ont dirigés vers l'octenol, un composé volatil utilisé dans l'industrie pour attirer et attraper les insectesinsectes, notamment les moustiquesmoustiques. Grâce à des techniques de génétiquegénétique et de biochimiebiochimie, ils ont montré que l'octenol modifiait l'activité de certains gènesgènes et interférait avec l'action de la dopamine dans le cerveau, conduisant à des symptômes similaires à ceux de la maladie de Parkinson chez l'Homme.
« La maladie de Parkinson a été associée avec une exposition aux pesticides, indique Arati Inamdar, le principal auteur de ces travaux. Dans cette nouvelle étude, nous montrons qu'un composé naturel souvent retrouvé dans l'environnement peut également perturber la libération de dopamine dans le cerveau chez la mouche. » Cependant, de nombreuses études sont nécessaires pour prouver cette association chez l'Homme. La maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson est de plus en plus présente dans nos vies mais cache encore son lot de mystères...