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L'asthme est une maladie qui entraîne une difficulté angoissante à respirer. © Lamazone, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
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Une oppression du thorax associée à une respiration difficile et sifflante : certaines personnes connaissent bien ces symptômes. Il s'agit de l'asthme, qui cause environ un millier de décès par an en France chez les moins de 65 ans, et qui continue de progresser. Les plus touchés sont les enfants, pour qui l'asthme représente l'affection chronique la plus fréquente (9 % en sont atteints), mais si les causes de la maladie ne sont pas souvent très claires, il semblerait que tous les bambins ne soient pas logés à la même enseigne.
L’asthme, réaction le plus souvent allergique
C'est du moins le résultat de nombreuses études menées au cours de ces dernières années qui démontrent que les enfants élevés dans un environnement rural, en contact avec des animaux, sont moins sujets à cette maladie que les enfants provenant de maisons aseptisées. Comme pour les allergies en général, les scientifiques en sont venus à penser que l'exposition plus soutenue à des microorganismesmicroorganismes pendant l'enfance permettait d'éviter le déclenchement de l'asthme.
Car le rétrécissement des voies bronchiques, spécifique de l'asthme, est la conséquence d'une contraction des muscles (bronchospasme) et d'une inflammation de la surface interne des bronchesbronches, causée par une réaction allergique dans au moins 80 % des cas. En présence d'un allergèneallergène, des cellules immunitaires (les lymphocyteslymphocytes CD4) sécrètent des cytokinescytokines, moléculesmolécules qui vont agir sur les cellules des poumonspoumons pour induire ce phénotypephénotype asthmatique.
De gros moyens mis en œuvre
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs du centre médical de l'Université de Munich, confirme non seulement une fois de plus l'avantage des enfants des fermes par rapport aux enfants urbains, mais valide l'hypothèse de l'effet bénéfique des microorganismes, une thèse qui n'est pas soutenue par l'ensemble de la communauté scientifique. Leurs résultats sont parus dans le journal New England Journal of Medicine.
Ils ont apporté leur contribution à deux projets à large échelle menés sur des enfants bavarois. Le premier projet, Parsifal (acronyme anglais pour la « préventionprévention des allergies - facteurs de risquesfacteurs de risques pour la sensibilisation chez les enfants, liée à un mode de vie fermier ou anthroposophique ») s'intéresse aux effets d'une hyperhygiène sur les allergies en général. Le second, Gabriela (acronyme anglais pour « étude multidisciplinaire pour identifier les causes génétiquesgénétiques et environnementales de l'asthme dans la communauté européenne »), comme son nom l'indique, essaie de comprendre les différentes causes de l'asthme et l'importance relative de chacune.
La bactérie Listeria monocytogenes, pourtant pathogène pour l'Homme, pourrait aider l'organisme à ne pas développer d'asthme. © CDC, domaine public
Les chercheurs ont dans ce cadre cherché à connaître les taux d'exposition des enfants à des microorganismes, en prélevant et analysant l'ADNADN bactérien retrouvé sur leurs matelas et dans leurs chambres. Cette méthode permet de détecter tous les microorganismes, même ceux qui ne sont pas faciles à cultiver sur une boîte de pétri au laboratoire. Dans un deuxième temps, les cellules elles-mêmes, bactériennes et fongiques, ont été prélevées et cultivées de différentes façons au laboratoire afin de déterminer l'espèceespèce à laquelle elles appartiennent.
Pas assez de microbes dans le lit
Grâce à ces identifications, les chercheurs ont réussi à corréler la présence de certains microorganismes avec une diminution de la prévalenceprévalence de l'asthme. En particulier, les champignonschampignons appartenant au genre Eurotium, de même que les bactéries Listeria monocytogenesListeria monocytogenes, ou du genre Bacillus ou Corynebacterium, sont présents en plus grande quantité dans les chambres des enfants qui ne sont pas atteints d'asthme.
Reste à comprendre le mécanisme biologique qui se cache derrière ces constatations. Parmi les différentes explications proposées, l'exposition à un grand nombre d'espèces de microorganismes pourrait éviter à une espèce particulière, responsable de l'asthme, de dominer et de jouer son rôle néfaste, à l'image de la flore intestinaleflore intestinale où un équilibre entre les différentes espèces est indispensable.
D'autres modèles ne sont pas à écarter, car il semble que la diversité seule ne permet pas de protéger contre le développement de l'asthme. « Une des possibilités est qu'une combinaison particulière d'espèces microbiennes stimule le système immunitairesystème immunitaire inné et l'empêche ainsi d'entrer dans un état qui induit le développement de l'asthme », propose Markus Ege, le premier auteur de l'article. Si les éléments protecteurs sont identifiés, comme espère y parvenir prochainement l'équipe de chercheurs, un vaccinvaccin pourrait être développé pour protéger les enfants les moins bien exposés.