Une récente méta-analyse relate que plus d'un quart des patients en rémission d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin continuent de ressentir des symptômes douloureux semblables à ceux d'un syndrome de l'intestin irritable.
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Même en rémission, le calvaire de certains patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI) continue. Ils vont mieux, sur le plan histologique, sur le plan radiologie ou sur le plan clinique, mais dans plus de 30 % des cas en moyenne, ils ressentent toujours des symptômes similaires à ceux du syndrome de l'intestin irritable (SII) selon une méta-analyse publiée dans The Lancet par des chercheurs britanniques de l'hôpital universitaire Saint-James. Comment est-ce possible ? Eh bien, il faut faire un petit détour du côté de la philosophie de l'esprit avant d'entrer un peu plus dans les détails.
La sensation de douleur est un produit de la conscience phénoménale
Qu'est-ce donc que la douleurdouleur ? Vous êtes-vous déjà posé réellement la question ? Se réduit-elle à une simple mesure matérielle comme on pourrait évaluer la quantité d'alcoolalcool dans une boisson ? Bien sûr, vous savez que la réponse est non. La douleur, même si on sait de mieux en mieux comment elle se matérialise, ne peut être conçue sans le ressenti que l'on a lorsqu'on a mal.
Dès lors, il devient possible de concevoir, étant donné que nous ne sommes pas omniscients, qu'un scientifique puisse, en analysant certains marqueurs précis qu'il connaît, vous dire que vous êtes en train de souffrir alors que ce n'est pas le cas. À l'inverse, il peut aussi vous dire que vous n'êtes pas en train de souffrir alors que, précisément, vous souffrez. Ce qui est important dans l'expérience de la douleur, c'est le sujet. Comprendre les mécanismes est intéressant et nécessaire mais ce qu'on veut in fine, c'est ne plus souffrir. C'est la raison pour laquelle un patient a toujours raison sur ce qu'il ressent, et qu'un médecin qui vous dira « c'est dans votre tête » ferait bien de revoir sa copie.
Pour aller un peu plus loin sur la douleur, la rédaction vous conseille l'excellente vidéo intitulée « j'ai mal » de Thibaut Giraud alias Monsieur Phi.
Plus d'un quart des patients en rémission concernés
Plus de 27 études ont été analysées pour les besoins de cette méta-analyseméta-analyse comptabilisant les données de 3.169 patients. Il en ressort que chez les personnes en rémission, entre 27 et 37 % souffrent de symptômes qui s'apparentent au SII. Là où c'est intrigant, mais non moins intéressant, c'est que les patients sont moins nombreux à ressentir ces symptômes (entre 18 et 31 %) si leur diagnosticdiagnostic de rémission a été réalisé par des mesures histologiques ou radiologiques. Si leur rémission repose sur un simple score clinique, ils sont, en revanche, plus nombreux à souffrir (entre 26 et 41 %). Ces pathologiespathologies sont évolutives, il convient donc de rester prudent : une rémission ne veut pas dire que le patient est forcément guéri.
Néanmoins, cette souffrance ressentie entraîne des effets néfastes chez ces patients comme une anxiété et une dépression largement supérieure à ceux qui ne souffrent plus. Les auteurs conseillent d'orienter ces derniers vers des professionnels de la psychologie clinique pour aider au mieux à la gestion de ces symptômes.
Ce qu’il faut
retenir
- L'importance de la douleur dans le soin réside dans la douleur ressentie qui fait partie de la conscience phénoménale : un patient a toujours raison sur sa douleur.
- Une récente méta-analyse suggère que plus d'un quart des patients atteints de MICI souffrent encore de douleurs même en étant en rémission.
- Ces patients souffrent plus d'anxiété et de dépression que les autres et ont besoin de soins psychologiques.