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C'est la pleine saisonsaison des rhinovirus, ces pathogènes qui nous prennent le nez et la gorge. Cependant, ce ne sont pas les modestes rhumes qu'ils induisent qui inquiètent le service de pharmacovigilance du CHU de Toulouse, mais plutôt les moyens utilisés pour guérir les symptômes.
En effet, un certain nombre de médicaments utilisés contre cette maladie bénigne, à base de pseudoéphédrine, pourraient dans quelques rares cas s'avérer très dangereux pour la santé, d'après le Bulletin d'informations de pharmacologie (Bip31.fr). Ce principe actif, connu pour ses propriétés vasoconstrictrices, met en péril les systèmes cardiovasculaire et nerveux des personnes souffrant d'hypertension ou ayant déjà quelques antécédents en la matièrematière. Il augmenterait les probabilités de déclencher un accident vasculaire cérébralaccident vasculaire cérébral (AVC), des convulsionsconvulsions ou un infarctus.
Le rhume, maladie des plus courantes et des plus bénignes, se guérit tout seul après environ une semaine, avec ou sans médicaments. Ceux-ci ne traitent que les symptômes. Mais la pseudoéphédrine, principe actif qui facilite la décongestion nasale, réduit le diamètre des vaisseaux sanguins et augmente les risques de troubles cardiovasculaires et neurologiques. © Mcfarlandmo, Wikimédia Commons, cc by 2.0
Des médicaments antirhume suspectés depuis longtemps
Même si ces situations sont très rares (environ 1 cas sur 1 million), la balance bénéfices/risques de ces traitements penche nettement en défaveur de la santé humaine. Le rhume est complètement bénin et aucun traitement ne peut le guérir ni diminuer le délai d'infection. En revanche, les produits incriminés, comme Humex Rhume, Actifed Rhume, ou Nurofen Rhume, ne contribuent qu'à la décongestion nasale et n'atténuent que certains symptômes, contribuant à un meilleur confort du patient. Ils ne se révèlent donc pas indispensables et surtout peuvent être remplacés par d'autres traitements, comme le sérum physiologiquesérum physiologique, ne présentant pas de danger.
Une quinzaine de ces médicaments sont vendus sans ordonnance et jouissent d'une libre publicité sur les canaux courants, une situation que déplore Emmanuelle Bondon-Guitton, auteure de l'article. Que faire alors ? Les distribuer uniquement sous prescription ? Les retirer de la circulation ? La question fait débat mais pour l'instant, les autorités sanitaires restent plutôt frileuses et n'ont pas encore pris de décision.
Ce problème n'est pas nouveau et a déjà été soulevé en mars 2008 par la Commission nationale de pharmacovigilance, qui s'inquiétait de ses effets secondaires. La très sérieuse revue Prescrire demandait même en 2009 le retrait pur et simple de tous les produits suspectés. L'Afssaps, remplacée depuis par l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, avouait fin 2011 surveiller de près 22 médicaments antirhume. Chaque année donc, le problème revient sur la table.