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Un médicament sur dix vendus dans le monde est un faux. Une proportion qui peut atteindre sept sur dix dans certains pays. Ces chiffres émanant des Entreprises du médicament (Leem) mettent en lumièrelumière une situation inquiétante et pourtant en plein essor à l'échelle internationale. En 2011, sur la liste des produits contrefaits, les médicaments tiennent le haut du pavé avec 24 % des saisies douanières européennes. Un résultat qui les place devant les cigarettes.
Pour l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS), les contrefaçons concernent « des médicaments délibérément et frauduleusement étiquetés pour tromper sur leur identité ou sur leur origine. On trouve des faux avec des principes actifs corrects, erronés, sans principes actifs, à des doses trop faibles ou trop fortes, ou sous des conditionnements falsifiés ».
Dans tous les cas, « ces médicaments constituent un véritable danger » insiste Caroline Atlani, directrice de la coordination anti-contrefaçon de Sanofi-Aventis. « Toutes les classes thérapeutiques sont concernées, poursuit-elle. En 2008, les formes sèches étaient largement contrefaites. Aujourd'hui, on trouve aussi des produits injectables, dont certains sont destinés à traiter des pathologies lourdes. Ils peuvent donc entraîner des effets indésirables majeurs, voire la mort. »
Un médicament contrefait peut avoir la même forme, la même couleur et le même goût que le vrai médicament, or ses propriétés pharmacologiques peuvent être complètement différentes. © Ragesoss, Flickr, cc by sa 2.0
Une contrefaçon très faible en Occident mais forte ailleurs
Selon l'OMS, « dans la plupart des pays industrialisés dotés de systèmes réglementaires et de contrôle du marché efficaces, l'incidence de la contrefaçon est très faible. C'est le cas de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, des États-Unis et de la plus grande partie de l'Union européenne ». Malheureusement, « il n'en est pas de même dans de nombreux pays africains, dans certaines régions d'Asie et d'Amérique latine. Et les circuits ne connaissent pas de frontières. Un produit falsifié peut être fabriqué en Chine, exporté vers le Royaume-Uni et s'infiltrer via un grossiste dans la chaîne de distribution légale... ».
Pour Caroline Atlani, « du fait d'InternetInternet, nous assistons à une amplification géographique du phénomène. Le consommateur peut être n'importe qui ! Il s'agit en fait d'une personne de bonne foi mais ignorante. Parfois elle compare les prix... et se tourne vers des sites où elle croit voir les mêmes produits, mais moins chers ». Une explosion du phénomène qui trouve aussi une explication dans les profits qu'elle génère.
La contrefaçon médicamenteuse, un trafic qui rapporte gros
L'institut de Recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm) estime à « 75 milliards de dollars les profits engendrés par la contrefaçon de médicaments en 2010. Pour 1.000 dollars investis, un criminel peut engranger 20.000 dollars de profit avec le trafic d'héroïne. Ce chiffre monte à 400.000 dollars avec les faux médicaments ! » De quoi attirer les faussaires.
Rappelons que fin 2012, les services de police et des douanes d'une centaine de pays avaient saisi 3,7 millions de doses de médicaments contrefaits vendus sur Internet. Plus récemment (mi-mai 2013) quelque 1,2 million de sachets d'aspirine de contrefaçon en provenance de Chine ont été saisis par les douanes du Havre. Soit « la plus importante saisie de contrefaçon de médicaments jamais réalisée par les services douaniers en France et dans l'Union européenne », a annoncé le ministère de l'Économie. Les produits étaient dissimulés dans une cargaison de thé.
En France, depuis le 2 janvier 2013, la vente de médicaments sur Internet par des pharmacienspharmaciens d'officines est autorisée... sous certaines conditions. Dans quelles pharmacies ? Comment s'y retrouver ? Sachons faire preuve de vigilance.