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Le Mediator était indiqué pour les personnes en surpoids atteintes d'un diabète de type 2. Il contenait du benfluorex, auquel on attribue 500 décès entre 2006 et 2010, selon une étude de la Cnam et de l'Afssaps. © DR
Daté du 10 juin 2011, le rapport n'a pas été rendu public et c'est le quotidien Le Figaro qui en révèle les conclusions. Ce document a été rédigé par une Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CRCI), qui rassemble des experts chargés de répondre à une plainte déposée par un patient. Ici, c'est une femme de 64 ans qui estime que la prise du médicament Mediator, qui lui avait été prescrit depuis 2004 (pour faire baisser sa glycémie), est la cause d'un problème cardiaque qu'elle subit, en l'occurrence une fuite au niveau d'une valve cardiaque.
Cette femme a continué à prendre ce médicament pendant plusieurs années et jusqu'en janvier 2010, c'est-à-dire après l'interdiction de ce médicament en France, en novembre 2009 (grâce à un stock de boîtes de réserve). En février 2010, un souffle au cœur est détecté à l'auscultation et une échographie révèle un dysfonctionnement de la valve aortique.
Une accusation récurrente
L'intuition de la patiente semble être juste. Les experts de la CRCI concluent en effet : « À partir des éléments qui nous ont été fournis, nous n'avons pas trouvé de cause pouvant expliquer la survenue de cette pathologiepathologie en dehors de la prise de Mediator ». Cette relation de cause à effet n'est en soi pas une surprise puisque ce médicament coupe-faimcoupe-faim devenu antidiabétiqueantidiabétique était déjà accusé d'avoir entraîné un grand nombre de valvulopathies. Mais c'est la première fois qu'une action est engagée auprès d'une CRCI et que la conclusion aboutit à la mise en cause directe du médicament suspect.
L'affaire sera débattue lors d'un jugement en septembre, selon une procédure nouvelle où un magistrat et des experts définiront les préjudices subis par la plaignante et le laboratoire Servier devra alors faire une offre d'indemnisation.
La saga de ce médicament n'est donc pas terminée, alors qu'elle a déjà fait évoluer les pratiques françaises de pharmacovigilance.