Les gènes qui nous rendent susceptibles de déclarer des maladies inflammatoires pourraient avoir été sélectionnés par l’évolution chez les Européens du passé. Autrefois, ils auraient protégé nos ancêtres des infections, mais aujourd’hui, alors que les conditions d’exposition aux pathogènes ont changé, nous en payons le contrecoup. Et un point de plus pour la théorie hygiéniste !

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    La sélection naturelle, ça n'a pas toujours que du bon. C'est du moins ce que vient de confirmer une nouvelle étude publiée dans The American Journal of Human Genetics. Ce travail révèle en effet que l'évolution est à l'origine des gènes susceptibles de nous faire déclencher des maladies inflammatoires comme la sclérose en plaques, la maladie de Crohn ou la polyarthrite rhumatoïde. Car ce qui est néfaste pour nous aujourd'hui a peut-être par le passé sauvé la vie de nos ancêtres.

    Pour cette recherche, des chercheurs du Brigham and Women's Hospital de Boston ont regardé de près plusieurs études d'association pangénomique, qui consistent en l'analyse du lien entre de nombreuses variations génétiques et du phénotype qui en découle, chez un vaste nombre de sujets. En général, on compare l'ADN de personnes malades avec un lot contrôle.

    Certains variants géniques qui autrefois sauvaient des vies peuvent désormais en gâcher. La sélection naturelle procure des avantages à un instant donné, mais ceux-ci peuvent se transformer en inconvénients dans un autre contexte. © Maurizio de Angelis, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Certains variants géniques qui autrefois sauvaient des vies peuvent désormais en gâcher. La sélection naturelle procure des avantages à un instant donné, mais ceux-ci peuvent se transformer en inconvénients dans un autre contexte. © Maurizio de Angelis, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des gènes autrefois protecteurs devenus agressifs

    De nombreuses recherches ont révélé qu'il existait des centaines de sites du génomegénome (des lociloci) augmentant les risques de développer des maladies inflammatoires. Parmi les 416 passés en revue par les auteurs, ils en ont trouvé 21 qui portaient les traces de la sélection naturelle. Pour les déterminer, ils ont utilisé un outil appelé IHS (pour integrated haplotypehaplotype score), conçu pour mettre en évidence la sélection positive récente.

    Or, ces loci sont déjà connus pour jouer un rôle dans la lutte contre les pathogènespathogènes. Rappelons que l'inflammation est due au système immunitairesystème immunitaire. Certains de ces variants géniquesgéniques sont même liés entre eux et forment ensemble un réseau protéique complexe impliqué dans l'activation des lymphocytes, des cellules de l'immunitéimmunité. Ainsi, les auteurs supposent que ces 21 loci, aidant à se débarrasser de virusvirusbactéries ou autres microbes, ont été plus fréquemment retrouvés dans la population européenne passée justement car ils les protégeaient des maladies.

    Mais depuis plusieurs décennies, l'environnement microbien a fortement changé, du fait d'une aseptisation importante des milieux. Or, l'incidenceincidence des maladies inflammatoires ne cesse de grimper. Les scientifiques ont fait un parallèle entre les deux événements, et certains suggèrent qu'une trop faible exposition aux micro-organismesmicro-organismes pousse notre système immunitaire à s'attaquer à nos propres tissus. C'est l'hypothèse hygiéniste. Cette étude apporte donc de nouveaux éléments accréditant cette idée.