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Rodin a notamment sculpté la main d'un homme probablement atteint du syndrome d'Apert, une maladie génétique rare dans laquelle les articulations de la main sont fusionnées. © David Monniaux, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0
En se basant sur les bronzesbronzes, très expressifs, du sculpteur du XXe siècle Auguste Rodin, le professeur états-unien James Chang, de l'université Stanford, accentue la curiosité et le sens de l'observation des futurs médecins et chirurgiens. Ce séminaire, intitulé « Anatomie chirurgicale de la main : de Rodin à la reconstruction », va plus loin en recourant à une technologie de pointe, dite de réalité augmentée, qui permet le balayage en trois dimensions des sculptures associé à la tomodensitométrie des os, des nerfs et des vaisseaux sanguins. Objectif : révéler les pathologies sous la « peau d'airain » et même permettre aux étudiants de pratiquer de la chirurgie virtuelle.
Ainsi, les apprentis observent, à partir des œuvres, des traumatismes comme une fracture de la main, mais aussi des maladies, comme la contracture de Dupuytren qui engendre une rétraction et une flexionflexion progressive et irréductible des doigts causées par un épaississement de la couche de tissu fibreuxfibreux sous la peau. Un autre bronze du sculpteur rappelle les premiers stades de la maladie de Charcotmaladie de Charcot-Marie-Tooth, un trouble d'origine inconnue et incurable. Il détruit les neurones moteursneurones moteurs et entraîne une paralysie progressive des membres et des muscles nécessaires à la parole, à la déglutition, puis à la respiration. « Je vois la douleurdouleur, l'angoisse et le stressstress dans les mains », déclare James Chang dans un article de Popular Science.
Le corps nu dans son expression la plus pure sera, tout au long de sa carrière, l'objet d'étude quasi exclusif d'Auguste Rodin. Un art réaliste désormais au service de la médecine. © Mona Mia, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0
Traumatismes et maladies dans les mains sculptées de Rodin
D'autres créations du maître Rodin, passionné par le corps humain, montrent des cas plus bénins comme un kystekyste sur la main. Si le modèle avait vécu à notre époque, il aurait pu être soigné par un traitement non chirurgical, une chirurgie arthroscopique qui ne requiert que de petites incisions ou bien encore par une chirurgie ouverte plus classique.
Cette initiative pédagogique inédite et ludique est née de l'attrait de James Chang pour les œuvres de l'artiste français alors qu'il était étudiant en chirurgie plastique et reconstructive à l'école de médecine de l'université Stanford. « C'était comme un puzzle mental pour moi d'arriver à comprendre pourquoi ces mains de Rodin présentaient ces différentes conditions médicales », se souvient-il. En outre, une exposition interactive, nommée « À l'intérieur des mains de Rodin : art, technologie et chirurgie », permet depuis peu au public de prendre part à l'enquête médicale, au Cantor Arts Center de l'université Stanford jusqu'au 3 août 2014, aidé d'une tablette. Tournée autour de chaque œuvre d'art, l'exposition permet aux visiteurs de visionner l'état de santé des vaisseaux sanguins et des os à l'intérieur de la main sculptée.