Le lifting cervico-facial a été introduit comme solution chirurgicale au début du XXe siècle et il est devenu très rapidement une arme de rajeunissement extrêmement demandé, y compris avant la seconde guerre mondiale. La chirurgienne française Suzanne Noël, extrêmement novatrice, a même pu rattraper un lifting raté aux États-Unis chez la célèbre actrice Sarah Bernhardt !
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Une meilleure connaissance anatomique des structures du visage, et notamment la description du Smas (Système musculo aponévrotique superficiel de la face) par Vladimir Mitz en 1976 a permis de réaliser des liftings à plusieurs étages. Retendre séparément la peau et les structures plus profondes contribue à augmenter la puissance du listing tout en gardant un aspect naturel et homogène au visage. Puis l'endoscopie faciale est apparue afin de diminuer les cicatrices consécutives au lifting, mais il n'a pas fait long feufeu car dans ces techniques on n'enlève pas de peau ! Plus récemment les traitements volumateurs (qui visent à augmenter la rondeur du visage) sont venus encore davantage contribuer au rajeunissement effectif d'un visage creusé, vieilli ou ridé !
Les patients qui demandent un lifting se manifestent de plus en plus jeunes, ce qui nous a obligé à inventer des techniques totalement nouvelles comme le microlift qui vise à concurrencer les fils tenseurstenseurs.
Quel est le but d'un lifting cervico-facial ?
Actuellement ce que demandent les patients en matièrematière de rajeunissement du visage est un résultat qui comporte trois caractéristiques principales :
- un résultat parfaitement naturel, c'est-à-dire que ni les proches ni l'entourage, ni ceux qui travaillent autour des patients opérés ne doivent remarquer quoi que ce soit si ce n'est un caractère de bonne mine apparente ;
- une opération qui se déroule si possible en ambulatoireambulatoire avec le minimum de pansement et des soins postopératoirespostopératoires réduits pour ne pas se soucier d'avoir à enlever des agrafes désagréables à retirer ;
- des résultats durables au maximum, sans trop approfondir la technique utilisée par le chirurgien, afin de réduire les frais d'une opération qui demeure néanmoins la plus chère parmi les opérations de chirurgie esthétique connues.
Quelle est la différence entre une intervention chirurgicale et un geste de médecine esthétique dans le cadre d'un rajeunissement facial ?
La médecine esthétique a beaucoup progressé en matière de rajeunissement facial et elle comporte essentiellement trois possibilités thérapeutiques :
- les injections volumatrices à base d'acide hyaluronique qui permettent de remplir les rides et de gonfler les tissus mais en quantité modérée. L'acide hyaluronique a supplanté les anciennes injections de siliconesilicone huileux, qui se sont révélés catastrophiques au bout de quelques années à cause de la migration de l'huile de silicone, donnant des tissus lourds et boursouflés, notamment au niveau des lèvres injectées, ce qui se faisait beaucoup il y a quelques années. Actuellement, le traitement volumateur fait également appel au lipofilling qui est la greffegreffe de la graisse du patient, prélevée à un endroit du corps pour être distribuée ailleurs. La prise de ses greffonsgreffons est aléatoire, entre 30 à 50 % seulement prendront. On peut donc être amené à répéter la procédure, mais l'avantage écologique est certain, puisqu'il s'agit d'un traitement pris sur vous pour vous-même !
- la suppression des hypercontractions musculaires grâce au BotoxBotox dont il existe différents types et variétés d'injection : le Botox permet d'annuler la contraction musculaire responsable des rides du front, de la ride du lionlion et de la patte d'oieoie, mais aussi au niveau des fanonsfanons du cou, site de l'hypercontraction des muscles peauciers du cou, responsables de la grimace et des plis d'amertume, qui courbent le coin des lèvres vers le bas ;
- les fils tenseurs : leur mise en place consiste à créer des sortes de jarretelles sous-cutanées pour retendre la peau sans laisser de cicatrices. Cette technique très astucieuse, inventée par Sulamanidze, a connu un développement considérable ces dernières années mais la duréedurée d'efficacité des fils tenseurs n'excède pas 18 mois à deux ans au grand maximum. Ils ne donnent pas des résultats spectaculaires comme ceux de la chirurgie avec une résectionrésection cutanée des tégumentstéguments distendus.
La chirurgie esthétique avec bistouri a une ambition différente
Elle vise à redistribuer les tissus qui se sont déplacés à cause de la gravitégravité, surtout en position debout ou assise. Elle comporte donc une phase d'incision pour aborder les structures cutanées et les couches plus profondes, afin de tout replacer dans une position plus satisfaisante, l'ablationablation de la peau excédentaire, qui est comme un revers de pantalon qui se serait défait, constitue un ajustement efficace par la voie du bistouri. Cette opération est donc techniquement plus complexe que les fils tenseurs, elle comporte des inconvénients, parfois des risques, mais les résultats vont bien au-delà de ce que peut réussir la médecine esthétique.
Quel est le principe technique d'une opération du lifting CF moderne ?
Il existe plusieurs techniques de lifting cervico-facial, qui sont adaptées parfois à des étages de dégradation du visage, qui peuvent être plus importantes que d'autres par exemple le front, le milieu du visage ou le cou. Mon choix personnel est de pratiquer des liftings biplans, ce qui implique de retendre la peau et de replacer les structures plus profondes telles que le Smas (qui est un filet répartiteur des tensions musculaires en profondeur). C'est un peu comme si la femme de ménage retendait la couverture du lit, sans omettre de replacer les oreillers et de retendre les draps de couverture du matelas.
Il s'agit d'une opération relativement importante, qui dure entre deux heures trente à quatre heures selon la difficulté des cas. Les cicatrices sont situées autour de l'oreille à la lisièrelisière des cheveux et si possible à l'intérieur du tragus qui est la petite bosse cartilagineuse juste en avant de l'oreille. Ainsi, peut-on parler de cicatrice quasi invisible en bout de course de la cicatrisationcicatrisation.
Parfois nous sommes obligés d'associer d'autres techniques afin de rajeunir plus globalement le visage comme : dégraisser le cou liposuccionliposuccion (lipolift), augmenter le volumevolume des pommettes, corriger le creux des joues ou des tempes, intervenir aussi sur les paupières supérieures ou inférieures ou les quatre paupières et plus rarement pratiquer une rhinoplastierhinoplastie de rajeunissement ou augmenter les lèvres et les sillons nasogéniens par un micro lipofilling.
Le lifting cervico-facial biplan a une durée de vie moyenne de 8 à 15 ans en fonction de la qualité des fibres élastiques dermiques, et du mode de vie plus ou moins tourmenté par l'abus d'alcoolalcool ou le tabac. Il est possible dans certains cas de pratiquer des liftings appelés segmentaires, c'est-à-dire qui ne portent que sur un étage : lifting temporaltemporal, lifting facial supérieur, lifting cervical (du cou) isolé. Ces interventions parcellaires sont particulièrement utiles dans le cadre d'une retouche après un premier lifting qui se relâche.
Le micro lifting que j'ai récemment décrit s'adresse à ses opérations de retouche après un premier lifting cervico-facial, ou bien à des patients jeunes commençant à se plaindre de bajoue ou d'une peau flasque au niveau du cou et du visage. Il est beaucoup plus léger et peut se pratiquer en ambulatoire sous une simple anesthésieanesthésie locale. Les soins postopératoires sont limités au maximum. Il faut environ trois semaines pour que la patiente retrouve une vie sociale, mais les hématomes et les œdèmesœdèmes peuvent durer plus longtemps et les cicatrices autour de l'oreille peuvent mettre plusieurs mois avant de disparaître.
Quels sont les risques d'une opération de type lifting cervico-facial ?
Un lifting cervico-facial comporte des risques qui sont répertoriés depuis longtemps.
- Hématome géant compressif en postopératoire, qu'il faut rapidement reprendre au bloc opératoire.
- Infection postopératoire à traiter rapidement.
- Nécrose cutanée très rare mais qui en général disparaît après de simples soins sans nécessité de réintervention.
- Paralysie faciale localisée qui en règle générale s'estompe après quelques mois, davantage liée à une coagulationcoagulation d'une petite branche nerveuse plus qu'à une véritable plaie.
- Œdème postopératoire prolongé, pouvant indiquer des massages locaux.
- Asymétrie du visage, mais qui était souvent préexistante, d'où l'intérêt de pratiquer des photographiesphotographies préopératoires précises pour valider l'état antérieur.
- Mauvaise cicatrisation avec tendance à des cicatrices élargies, ou bien hypertrophiques, au pire chéloïdiennes qu'il faudra traiter de façon adaptée.
- DouleurDouleur postopératoire, dont il faut trouver la cause : hématome profond localisé, ou section d'une petite branche nerveuse sensitive, qui sera infiltrée avec un produit anesthésiantanesthésiant.
Les causes d'insatisfaction ne sont pas fréquentes, 5 % des patients opérés d'un lifting cervico-facial les expriment et de manière très diverses, allant depuis un mauvais accueil en clinique, une chambre non satisfaisante, des soins infirmiersinfirmiers qui créent un conflit ou un mécontentement, un suivi postopératoire insuffisant. Ces détails matériels doivent être relativisés, mais néanmoins corrigés par les doléances de la patiente et du chirurgien auprès de la direction de l'établissement. L'insatisfaction de la patiente qui peut trouver que son résultat est insuffisant, ou bien se dégrade rapidement, (entre six mois et un an après opération) imposera une reprise chirurgicale, qui sera alors indiquée au moins après un an d'évolution. Mais la principale cause de non satisfaction est liée à un mauvais résultat objectif ou à la constatation d'un défaut d'information concernant les suites imprévues ou plus complexes qui prolongent les suites d'une opération qui avait été présentée comme bénigne et facile à vivre. C'est pourquoi il est important de signaler qu'un lifting cervico-facial est une opération importante, complexe pour le chirurgien, et avec un suivi postopératoire prolongé, ce qui explique également le prix important du lifting cervico-facial qui est l'opération la plus chère en matière de chirurgie esthétique en général.
Quelles sont les meilleures précautions pour se faire opérer avec confiance ?
- Bien choisir son chirurgien plutôt par la recommandation du médecin généraliste traitant, le bouche-à-oreille plutôt que par InternetInternet.
- Consulter l'anesthésiste dans l'établissement où vous serez opéré, dans la semaine qui précède l'opération.
- Pratiquer tous les examens complémentaires nécessaires à votre santé avant l'opération.
- Éviter sucresucre, chocolat, alcool une semaine avant l'opération et une semaine après l'opération, afin que le taux de sucre dans le sang soit bas et prévienne l'infection.
- Prévoir une quinzaine de jours minimum pendant lesquels vous pouvez rester isolé ou sans travailler, sans relation publique compromettante.
Quelle est la durée de vie d'un lifting cervico-facial ?
D'après toutes les statistiques publiées et l'étude des méta-analysesméta-analyses, la durée moyenne d'un lifting est de 8 à 15 ans, en fonction de la qualité de vos tissus. Certes la technique chirurgicale employée joue un rôle important dans la durée de bonne tenue d'un lifting, mais ce n'est pas le seul facteur déterminant, loin de là !
Peut-on refaire un lifting si le premier a été raté ?
La réponse est certainement oui, à condition que le chirurgien qui vous a opéré, précise la technique opératoire utilisée, par un compte-rendu opératoire qu'il doit vous délivrer après son opération. Cela permettra au chirurgien qui doit vous réopérer de mieux comprendre pourquoi votre lifting n'a pas réussi, et lui donnera les clefs de la retouche opératoire à effectuer.
Peut-on recourir à plusieurs liftings cervico-facial dans sa vie ?
J'ai déjà pratiqué des 3e et 4e lifting chez des patients qui avaient commencé à subir des interventions de rajeunissement facial dès la quarantaine. Ces patients qui parfois avaient une maladie des fibres élastiques (la progériaprogéria), constatent la nécessité d'une reprise chirurgicale tous les 10 ans environ. J'ai aussi opéré des patientes de 80 ans et plus dont l'état intellectuel parfait et les activités physiquesphysiques voire professionnelles imposent une apparence aussi dynamique et juvénile que possible. La réponse est donc oui par expérience à la question posée. Ceci est notamment rendu possible par le progrès des méthodes d'anesthésie utilisant des droguesdrogues non dangereuses pour le cerveaucerveau, ne constituant pas un danger sérieux pour notre état neuronal malgré un âge avancé.
Conclusion
Prendre la bonne décision en ce qui concerne l'opportunité de réaliser un lifting cervico-facial n'est pas si facile que cela car plusieurs paramètres doivent être analysés et la confiance doit rester absolue entre le chirurgien qui ne doit pas opérer par amour du gain, et le patient qui ne doit pas redouter une opération si elle est pratiquée dans les règles de l'art. L'importance du suivi postopératoire doit être soulignée, et le chirurgien que vous aurez choisi doit vous informer suffisamment au préalable, à la fois de ce que vous pouvez attendre de l'opération d'une façon raisonnable et habituelle, et des risques généraux mais aussi spécifiques que vous pouvez redouter dans votre cas précis. Lorsque ces conditions sont réalisées, le lifting cervico-facial est vraiment une opération extraordinaire dans notre panoplie de chirurgien esthétique et réparateur !
Dr Vladimir Mitz
Pour en savoir plus sur le Dr Vladimir Mitz
Le Docteur Vladimir Mitz, est un chirurgien esthétique à Paris. C’est un auteur qui traite de la chirurgie plastique ou esthétique et réparatrice à travers plusieurs de ses ouvrages. Il a fait toutes ses études de médecine et de chirurgie en France. Ancien externe, puis interne et chef de clinique des hôpitaux de Paris, il s’est intéressé très rapidement à la chirurgie. Interne en neurochirurgie à l’hôpital Lariboisière, il avait été fasciné par la précision et la qualité technique des opérations pratiquées sur le cerveau. La dimension humaine de cette chirurgie l’avait enthousiasmé.