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Une bactérie (en haut à gauche) s’approche d'une autre venant d'être détruite par un complexe Hamlet-antibiotique. L’Hamlet agit en induisant une dépolarisation de la membrane plasmique. © Laura R. Marks et al, Plos One
Depuis la découverte de la pénicilline dans les années 1920 par Alexander FlemingAlexander Fleming, les bactéries n'en finissent plus de nous donner du fil à retordre. Les gènes de résistance sont capturés, échangés et disséminésdisséminés par différents mécanismes microbiens complexes. La multirésistance aux antibiotiques est un problème majeur qui semble sans issue. En effet, pour chaque nouvel antibiotique, les bactéries trouvent rapidement une parade.
Le staphylocoque doré en est un bon exemple. Seulement trois ans après la découverte de la méticilline, on identifiait déjà un staphylocoque doré résistant, appelé communément Sarm. Aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux et représentent un véritable problème de santé publique. La vancomycine est parfois utilisée en dernier recours, mais certaines souches de staphylocoques dorés, les SARV, sont résistantes à cet antibiotique.
Le lait maternel contient des composés antibactériens comme le Hamlet. Une étude récente met en évidence un rôle dans l'augmentation de la sensibilité aux antibiotiques. © Annie Stoner, Flickr, cc by nc nd 2.0
Une solution pourrait venir d'un complexe protéolipidique du lait maternellait maternel appelé Hamlet (pour Human Alpha-lactalbumine Made LEthal to Tumor cell). Ce dernier peut lutter à la fois contre les cellules cancéreuses et contre certains microbesmicrobes. Cependant, son action est limitée et n'inclut pas certaines bactéries comme le staphylocoque doré. Des chercheurs américains de l'université de Buffalo viennent de lui attribuer une nouvelle fonction. Dans une étude publiée dans la revue Plos One, ils montrent que l'Hamlet diminue la résistance des bactéries aux effets des antibiotiques.
La résistance du Sarm diminuée grâce à l’Hamlet
Les expériences, menées à la fois sur des cultures cellulaires et en utilisant des souris, ont montré que l'Hamlet augmentait la sensibilité du Sarm à de nombreux antibiotiques, comme la méticilline et la vancomycine. Certaines bactéries redeviennent même sensibles aux antibiotiques auxquels elles résistaient auparavant !
Autre bonne nouvelle : les bactéries semblent avoir du mal à résister à ce composé, et continuent de mourir après de nombreuses générations. Cependant, comme avec n'importe quel antibactérien, ce n'est probablement qu'une question de temps avant que ces organismes ripostent.
Selon Anders Hakansson, directeur de l'étude, Hamlet pourrait permettre de réduire le taux d'antibiotiques nécessaire pour lutter contre les maladies infectieuses d'origine bactérienne. À terme, cette découverte permettrait peut-être de freiner la dispersion des bactéries multirésistantes comme le Sarm.