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Les interleukines, des molécules fabriquées par les cellules immunitaires, jouent un rôle de médiation cellulaire. Les interleukines 2, même en faibles doses, pourraient soigner les maladies auto-immunes. © DR
Deux équipes françaises viennent de publier dans le New England Journal of Medicine (NEJM), des travaux qui ouvrent des perspectives résolument nouvelles dans le traitement de certaines maladies auto-immunes. De faibles doses d'interleukine 2, administrées à des patients souffrant d'une complication auto-immune de l'hépatite C, ont en effet permis d'améliorer leur état général. Ces premiers résultats suscitent l'espoir d'étendre ces bénéfices à d'autres affections auto-immunes : le diabète de type 1 et la sclérose en plaques mais également par exemple, la polyarthrite rhumatoïde...
En France, entre 2 et 3 millions de malades souffrent d'une affection dite auto-immune. Dans ce cas, le système de défense, engagé dans la lutte contre les attaques extérieures (microbesmicrobes...), s'emballe et attaque les propres cellules du malade.
L'interleukine 2 a été efficace pour des personnes souffrant de vascularite, une complication auto-immune de l'hépatite C. © James Heilman MD, Wikipedia CC by sa 3.0
Interleukine 2 : vers un traitement des maladies auto-immunes ?
Ce travail est le fruit d'une collaboration entre des équipes de l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HPHP), de l'Université Pierre et Marie CurieMarie Curie, du CNRS et de l'Inserm. Les auteurs ont traité des patients présentant une vascularite, c'est-à-dire une complication vasculaire induite par une hépatite C. L'interleukine 2, administrée à faibles doses a permis de stimuler les lymphocytes TT régulateurs. Or la majorité des maladies auto-immunes se caractérisent précisément par une insuffisance en lymphocytes T régulateurs.
L'interleukine 2 est connue depuis plus de vingt ans. Elle est en effet indiquée dans la prise en charge de certains cancers du rein ou mélanomes. Cependant, son efficacité est modeste et, à fortes doses, elle entraîne des effets indésirables importants.
L'étude publiée dans le NEJM a été menée sur seulement 10 patients. Elle démontre néanmoins pour la première fois que l'interleukine 2 peut être efficace dans la prise en charge d'une maladie auto-immune. Des essais de traitement du diabètediabète de type 1 sont déjà en cours à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.