Pouvoir prédire des pathologies ou des évènements à risques constitue le défi de l'avenir de la médecine. Si nous connaissons désormais les grandes bases du fonctionnement de l'organisme humain, il nous faut pouvoir assembler toutes nos données afin d'anticiper les situations d'urgence. Et l'intelligence artificielle fait partie intégrante du débat. De récentes études montrent que celle de la société DeepMind pourrait prévenir une lésion rénale 48 heures avant que celle-ci ne se déclare. Mais la précision globale est-elle au rendez-vous ?


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    Les intelligences artificiellesintelligences artificielles (IA), autrement dit des algorithmes sophistiqués compilant des données, réalisant des tâches complexes et s'améliorant elles-mêmes au fil du temps, deviennent de plus en plus prégnantes dans nos sociétés. Elles nous indiquent notre chemin, peuvent poser des diagnostics, font de l'art, etc. Récemment, c'est l'IA de DeepMind qui parviendrait, grâce à une multitude de données trop importantes à gérer pour la cognition humaine, à prédire les lésions rénales de patients jusqu'à 48 heures à l'avance. 

    Le saviez-vous ?

    En mars 2016, AlphaGo, une intelligence artificielle créée par la même société DeepMind, gagne contre les meilleurs joueurs du jeu de go et, en 2017, bat le champion du monde en titre. Mais, si les IA semblent être très fortes aux jeux, elles ont encore beaucoup de progrès à faire dans le domaine médical. 

    Une prédiction pas si précise

    Pouvoir prédire de manière sûre la survenue d'une détérioration d'organes pourrait prévenir 11 % des décès dus à ce genre d'évènements. Les chercheurs ont pris l'exemple de la lésion rénale car elle constitue un trouble courant. Le marqueur clé qui détermine son apparition est la variation de la créatininémiecréatininémie. Mais cette méthode-diagnostic repère généralement la lésion rénale au moment où elle se déclare, soit quand il est presque trop tard. Le modèle développé et proposé par les investigateurs consistait donc à anticiper la survenue des lésions rénales afin de les gérer au mieux et d'éviter toutes complications.

    Pour ce faire, ils ont intégré au sein de l'IA des informations contextuelles pertinentes pour éclairer la prise de décision clinique de façon universelle à l'ensemble des populations de patients. Cependant, même si le modèle parvient à prédire 55,8 % à 90,8 % des lésions rénales chez des patients, il se trompe une fois sur trois, ce qui revient à dire que sa sensibilité est assez médiocre comparativement à sa spécificité. Cela pose question et ne peut donc être ignoré.

    Qui est responsable d'une erreur médicale commise par une intelligence artificielle ? © Alex Knight, Pexels
    Qui est responsable d'une erreur médicale commise par une intelligence artificielle ? © Alex Knight, Pexels

    La question de la responsabilité

    Nous venons de le voir, ces intelligences artificielles sont encore loin de la perfection en matièrematière de diagnostic. Et s'il y a bien une question qui chiffonne les philosophes et plus particulièrement les bioéthiciens, c'est la question de la responsabilité. En effet, si un médecin qui fait une erreur peut être jugé plus ou moins responsable de sa faute, comment réparer un préjudice commis par une intelligence artificielle ? Même si statistiquement elles semblent faire beaucoup mieux pour les diagnostics et les propositions de traitements adaptés, qui désigner comme coupable lorsqu'elle vient à faire une erreur ? Si globalement, elles font un « meilleur travail » que les médecins, la répercussion d'une faute médicale dans la vie individuelle d'un patient est toujours un drame. Qui pourra donc être tenu pour responsable ? Les concepteurs de l'IA ? Les médecins qui l'utilisent ?

    Même question pour les voitures autonomes ? Pour l'instant, il semblerait qu'aucun diagnostic ne puisse être posé par la seule IA sans qu'un être humain vienne valider ses dires, essentiellement pour des subtilités que les IA ne peuvent encore détecter et pour la question de responsabilité.