Les hommes qui fument connaîtraient un déclin cognitif plus important et plus rapide que les non-fumeurs, si l’on en croit les résultats d’une vaste étude britannique. Les fumeuses, quant à elles, pourraient être épargnées. Mais on ne sait pas encore bien pourquoi.
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On connaissait déjà de nombreux méfaits du tabac. Des maladies chroniques du système respiratoire jusqu'au cancer du poumon, sans oublier les maladies cardiovasculaires, parmi d'autres symptômes. Mais on n'avait pas encore pu mesurer les effets du tabac sur les capacités intellectuelles.
C'est désormais chose faite puisqu'une étude britannique parue dans Archives of General Psychiatry vient de révéler que les hommes fumeurs connaissent un déclin cognitif plus rapide que ceux qui ne touchent pas à la cigarette. Les femmes, quant à elles, semblent épargnées.
Les chercheurs de l'University College de Londres ont eu recours aux volontaires de la cohorte Whitehall II, un projet de grande ampleur mené depuis 1985 par la Grande-Bretagne pour évaluer la santé de ses citoyens. Parmi eux, 5.099 hommes et 2.137 femmes suivis depuis vingt-cinq ans, âgés en moyenne de 56 ans au début de l'expérience.
Un lien entre consommation de tabac et performance cognitive
Les exercices intellectuels étaient composés de tests de mémoire, de vocabulaire et de tâches exécutives (regroupant la résolutionrésolution de problèmes, la plasticitéplasticité mentale ou encore le raisonnement verbal). L'étude a été menée sur dix ans et le statut des fumeurs a été évalué sur les vingt-cinq dernières années.
Les recherches révèlent quatre informations principales :
- d'un point de vue global, les hommes qui fument risquent davantage un déclin cognitif accéléré ;
- ceci est d'autant plus vrai pour ceux qui ont continué de fumer durant le suivi ;
- les hommes qui ont arrêté le tabac durant les dix dernières années précédant le début de l'expérience présentaient plus de risques de souffrir d'une baisse des performances intellectuelles que ceux qui n'avaient jamais fumé ;
- les anciens fumeurs réguliers (arrêt de la consommation supérieure à dix ans) n'étaient pas plus exposés que les non-fumeurs.
Les fumeuses ne sont pas plus touchées
Les auteurs n'ont cependant pas remarqué de différences concernant les femmes, et ne sont pas en mesure de l'expliquer. L'une de leurs hypothèses suggère que les fumeuses consomment malgré tout moins de tabac que les fumeurs, ce qui sous-entendrait que le déclin mental serait proportionnel à la quantité de tabac.
« Nos résultats montrent que l'association entre le tabagisme et la cognition, particulièrement chez les personnes âgées, est souvent sous-estimée étant donné les risques de décès des fumeurs » commentent les auteurs dans leur étude.
La démencedémence affecterait selon eux 36 millions de personnes dans le monde et pourrait doubler tous les vingt ans. Cependant, si le tabac semble effectivement jouer un rôle dans l'accélération du déclin cognitif, il existe des milliers d'autres raisons, qu'elles soient génétiquesgénétiques, physiologiques ou psychologiques, pour expliquer la perte des capacités intellectuelles.