au sommaire
Une étude montre la trace de tumeur bénigne dans un os d'Homme de Néandertal. © Fuzyrapptor, Flickr, cc by nc sa 2.0
Les habitudes de la vie moderne ont un impact négatif sur la santé. Certaines pathologies associées à notre époque ne sont pourtant pas toujours récentes. Une étude menée sur des momies a par exemple montré que les maladies cardiovasculaires existaient déjà il y a plus de 4.000 ans. Des écrits médicaux datant de 3.500 ans avant notre ère ont également décrit plusieurs cas de cancers.
Selon une équipe américano-croate, l'Homme préhistorique n'aurait pas non plus été épargné par les maladies modernes. Leurs travaux, publiés dans la revue Plos One, rapportent l'identification d'une tumeur bénigne dans un os datant de plus de 120.000 ans !
Morceaux de côtes d'Homme de Néandertal. Celui du dessus (a) présente un creux en son centre, ce qui a conduit les auteurs à l'analyser plus en détail. Les résultats d'imagerie suggèrent que cet os aurait contenu une tumeur bénigne. © Monge et al., Plos One
L'histoire de cette trouvaille n'est pas récente. Elle commence en 1899, quand le paléontologuepaléontologue Dragutin Gorjanović-Kramberger, qui effectuait des fouilles aux environs du village de Krapina en Croatie, a mis le doigt sur l'un des plus riches sites néandertaliens jamais explorés. Les scientifiques ont alors découvert de multiples objets datant de plus de 100.000 ans, comme des outils, des os animaux et de nombreux ossements humains.
Tumeur bénigne vieille de 120.000 ans
Grâce aux techniques modernes, les chercheurs peuvent désormais étudier plus en détail ces restes humains. Bien que les Néandertaliens aient vécu dans un environnement beaucoup plus sain que celui d'aujourd'hui, leurs os montrent qu'ils n'ont pas été épargnés par certaines pathologies comme l'arthrite, la parondite ou encore la tuberculose.
Dans cette étude, les auteurs ont utilisé une technique d'imagerie appelée microtomographie aux rayons X. Cette méthode consiste à couper l'image d'un objet en de très nombreuses sections, qui peuvent ensuite être analysées individuellement. Dans ce cas précis, un bout de côte néandertalienne de trois centimètres environ a été divisé en presque 500 fractions étudiées par les anthropologistes. Ce travail colossal a été récompensé, car les scientifiques ont pu observer la plus vieille trace de tumeur de l'humanité, une dysplasiedysplasie fibreusefibreuse des os. Cette maladie se caractérise par le développement anormal de tissu fibreux à l'intérieur des os.
« L'Homme de Néandertal n'a pas connu les pesticidespesticides, la pollution atmosphérique et les cigarettes, explique David Frayer, principal auteur de cette publication. Cependant, il inhalait probablement beaucoup de fumée de son feufeu. » Les causes de tumeurs sont nombreuses, et nous ne les connaissons probablement pas toutes. Cette découverte montre que voilà plus de 100.000 ans, on pouvait déjà développer des tumeurs bénignes au niveau des os.