La physiologie des Sherpas a évolué pendant des milliers d’années, leur permettant de devenir les guides exceptionnels qu’ils sont aujourd’hui et qui accompagnent des alpinistes jusqu’à l’Everest. Une recherche montre que leur organisme est particulièrement efficace pour produire de l'énergie dans des conditions de déficit d'oxygène (hypoxie).

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    En altitude, la pressionpression diminue, et avec elle, la pression de l'oxygène inspiré. À cause de ce déficit d'oxygène (hypoxie), du mal des montagnes, de nombreux alpinistes échouent dans leur ascension du sommet de l'EverestEverest. À leurs côtés, les Sherpas de l'Himalaya sont très adaptés à la vie à haute altitude et surmontent plus facilement ces difficultés. Comment l'expliquer ?

    Lorsque des alpinistes qui vivent habituellement à basse altitude passent du temps à haute altitude, leur organisme s'adapte dans une certaine mesure grâce à plusieurs mécanismes : augmentation de la ventilationventilation, du rendement cardiaque, production supplémentaire de globules rouges pour transporter l'oxygène. Mais cela ne suffit pas pour atteindre l'efficacité de l'organisme des Sherpas.

    Dans une étude parue dans Pnas, des chercheurs britanniques ont voulu comprendre les bases métaboliques de l'adaptation des Sherpas à l'altitude. Pour cela, ils ont comparé la physiologie de deux groupes de personnes qui ont fait l'ascension du camp de base de l'Everest situé à 5.300 m d'altitude.

    Le camp de base de l’Everest se situe à environ 5.300 m d’altitude (côté Népal). © alexbrylovhk, Fotolia

    Le camp de base de l’Everest se situe à environ 5.300 m d’altitude (côté Népal). © alexbrylovhk, Fotolia

    Les Sherpas sont plus efficaces pour utiliser l’oxygène

    Un des deux groupes était composé de 10 chercheurs essentiellement européens et l'autre groupe comprenait 15 Sherpas natifs de la région. Des biopsies musculaires et du sang ont été réalisées avant l'ascension pour disposer d'une mesure de départ à basse altitude : à Londres pour les chercheurs et à Katmandou, au Népal, pour les Sherpas. D'autres mesures ont été faites quand le groupe est monté au camp de base de l'Everest et au bout de deux mois d'acclimatation là-bas.

    Les analyses ont montré que même à basse altitude, les mitochondries des Sherpas (organites qui servent d'usines énergétiques aux cellules) étaient plus efficaces pour produire de l'ATPATP, la moléculemolécule qui fournit de l'énergieénergie pour les réactions cellulaires.

    Le saviez-vous ?

    Les humains ont commencé à être présents sur le plateau tibétain, qui se situe à une altitude moyenne de 4.500 m, il y a environ 30.000 ans. Les premiers peuplements permanents y seraient apparus il y a 6.000 à 9.000 ans.

    De plus, chez les Sherpas, il y avait moins d'oxydationoxydation des lipideslipides : ils produisaient de l'énergie surtout avec des glucidesglucides. Or, la production d'énergie avec des graisses est moins efficace. Comme l'a expliqué Andrew Murray, de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), dans des propos rapportés par Science Alert« la graisse est un bon carburant, mais le problème est que c'est plus gourmand en oxygène que le glucoseglucose ».

    Les résultats n'ont pas beaucoup changé quand les Sherpas ont fait l'ascension, tandis que pour le groupe des chercheurs, les mesures ont évolué : ils s'acclimataient progressivement à l'altitude.

    Une variation génétique

    Les chercheurs attribuent certains des avantages des Sherpas à une variation génétiquegénétique dans le gènegène PPARA (peroxisome proliferator-activated receptor A), qui favorise le glucose, par rapport aux graisses, pour produire de l'énergie. Mais, même s'il confère un avantage, ce gène n'explique pas tout : Andrew Murray signale aussi que les Sherpas semblaient avoir un réseau capillaire plus riche, permettant de mieux délivrer l'oxygène aux tissus.

    Voir aussi

    En bref : les gènes de l’altitude découverts chez les Tibétains

    Ces résultats pourraient aider à trouver de nouveaux moyens pour lutter contre l'hypoxie. En effet, à l'hôpital, le manque d'oxygène met en danger des patients en soins intensifs, dans des situations d'urgence vitale. L'hypoxie est fréquente dans de nombreuses maladies : arrêt cardiaquearrêt cardiaque, maladies pulmonaires, anémiesanémies...