Le virus de l’herpès génital était présent chez les ancêtres des chimpanzés avant d’arriver dans la lignée humaine. Des chercheurs britanniques affirment qu’il a franchi la barrière d’espèces en passant par un hominidé appelé Paranthropus boisei.

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    Le virus de l'herpès génital HSV2 (herpes simplexsimplex 2) est aujourd'hui présent dans le monde entier. Il est responsable de lésions génitales et de rares cas d'encéphalite. HSV2 peut être transmis de la mère au bébé ou lors d'un rapport sexuel. Après l'infection, le virus entre dans un cycle de latencelatence, ponctué par des périodes de réplication au cours desquelles un nouvel hôte peut être infecté par contact génital.

    Le saviez-vous ?

    HSV2 est proche du virus de l’herpès buccal HSV1 (herpes simplex 1), responsable du bouton de fièvre. HSV1 provoque des lésions dans la cavité orale. Il reste latent dans des ganglions.

    Les chimpanzéschimpanzés anciens ont transmis l'herpès buccalbuccal aux humains primitifs il y a des millions d'années, quand nos lignées se sont séparées. Mais il n'en est pas de même pour le virus HSV2. Génétiquement, HSV2 est plus proche du virus HSV1 du chimpanzé que du HSV1 humain : les virus HSV1 du chimpanzé et HSV2 auraient divergé il y a 1,4 à 3 millions d'années.

    Mais comment HSV2 a-t-il sauté la barrière des espècesespèces ? D'après une recherche parue dans la revue Virus Evolution, un hominidéhominidé a joué un rôle clé : ParanthropusParanthropus boisei. Haut de 1,2 m environ, Paranthropus boisei avait un petit cerveau et des mâchoires massives. À cause de son alimentation supposée et de ses dents puissantes, il a été surnommé Nutcracker man, ou Casse-noisettesnoisettes.

    Pour trouver la voie la plus probable de transmission d'HSV2 des ancêtres des chimpanzés aux ancêtres de l'Homme moderne, des chercheurs britanniques ont utilisé une modélisationmodélisation de réseau bayésien : il s'agit d'un modèle graphique utilisant des probabilités. Charlotte Houldcroft, auteur de cette étude, a précisé à CNN les avantages de cette méthode : « Nous pouvons utiliser les données des maladies pour reconstituer des évènements complètement invisibles aux archives archéologiques et fossilesfossiles ».

    Une reconstitution du visage de <em>Paranthropus boisei</em> (<em>Smithsonian Museum of Natural History, Washington, D.C.</em>).  © Tim Evanson, Flickr, CC by-sa 2.0

    Une reconstitution du visage de Paranthropus boisei (Smithsonian Museum of Natural History, Washington, D.C.).  © Tim Evanson, Flickr, CC by-sa 2.0

    HSV2 aurait infecté Paranthropus boisei

    Les chercheurs ont combiné des données sur la répartition de la forêt tropicaleforêt tropicale humide africaine et la localisation des fossiles. Les anciens chimpanzés, Paranthropus boisei et Homo erectus vivaient tous en Afrique entre 1,4 et 3 millions d'années, dans la région où sont nés les Hommes modernes.

    Le modèle a identifié que Paranthropus boisei était l'hôte intermédiaire le plus probable. La transmission du virus HSV2 des anciens chimpanzés à P. boisei aurait pu se produire directement (par des blessures de chasse ou par de la viande de chimpanzé) ou par l'intermédiaire d'un autre hominidé : Homo habilisHomo habilis. Cependant, d'après cette analyse, H. habilis ne peut pas avoir transmis directement HSV2 à H. erectus. La transmission du virus entre les ancêtres de l'Homme moderne a pu se faire par voie sexuelle, mais pas seulement : H. erectus aurait pu consommer de la viande de P. boisei...

    Nous pouvons reprocher à nos ancêtres d’avoir mangé d'autres homininés ou des grands singes.

    En effet, comme l'explique Charlotte Houldcroft : « Nous pouvons reprocher à nos ancêtres d'avoir mangé d'autres homininéshomininés ou grands singes ». La consommation de viandes de primatesprimates favorise la transmission de virus aux Hommes, ce qui a pu également être le cas avec le VIHVIH. « Manger d'autres espèces étroitement liées à soi présente des risques, car les agents pathogènespathogènes adaptés à des espèces génétiquement similaires à nous trouveront plus facilement comment sauter la barrière des espèces ».

    Quoi qu'il en soit, lorsque les Hommes modernes sont partis d'Afrique, il y a environ 100.000 ans, ils ont probablement emmené avec eux les virus HSV2.