Quelques jours après les premiers cas survenus au Mexique, les mesures de protection ont atteint un niveau exceptionnel dans de nombreux pays. Ce qui est pour l'instant une épidémie a gagné les Etats-Unis, le Canada et l'Espagne. Ailleurs, on n'en est qu'aux « cas suspects ». En France, aucune infection n'a été confirmée.

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    Un virus apparu dans les élevages de porc mais qui se transmet d'homme à homme. © johnmuk / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Un virus apparu dans les élevages de porc mais qui se transmet d'homme à homme. © johnmuk / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    L'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) et de nombreux pays ont réagi sans délai devant l'épidémie de grippe porcine officiellement constatée vendredi 24 avril par les autorités mexicaines (le premier cas remonte au 13 avril). Au Mexique, le nombre de morts avérés a dépassé la centaine et les autorités sanitaires ont indiqué lundi matin 1.614 infections. Ce lundi matin, aux Etats-Unis, une vingtaine de contaminations sont rapportées et quatre cas ont été confirmés au Canada. La Nouvelle-Zélande annonce deux cas suspects. L'Espagne vient de confirmer une infection - la première en Europe - et comptabilise 17 cas suspects. En revanche, en France, les quelques personnes revenant de régions contaminées et présentant des symptômes suspects n'avaient en fait qu'une banale grippe. Mais la vigilance est de rigueur. Les personnes revenant du Mexique peuvent contacter un service téléphonique mis en place par le Ministère des affaires étrangères.

    Les mesures préventives sont de grande ampleur. Au Mexique, des écoles sont fermées, il est conseillé de réduire les déplacements et les habitants de Mexico (22 millions de personnes) portent pour la plupart un masque lorsqu'ils sortent dans la rue. Plusieurs pays (le Japon et la Russie notamment) contraignent les voyageurs arrivant de régions contaminées à un isolement dès leur débarquement à l'aéroport.

    Si les mesures sont aussi énergiques, c'est que la grippe, véhiculée par des virus très contagieuxcontagieux, provoque régulièrement des désastres. Un foyer se transforme facilement en épidémie et parfois en pandémiepandémie (quand l'épidémie s'étend à plusieurs pays). En 1918, la grippe espagnole a provoqué 40 millions de morts et 4 millions de personnes sont décédées en 1957 de la grippe asiatique. La dernière pandémie en date, la grippe de Hong Kong, a fait 2 millions de victimes en 1968. On remarque que les chiffres baissent alors que la démographie augmente, ce qui démontre que les mesures préventives et curatives sont efficaces.

    Quelques virus H1N1. © Licence <em>Commons</em>
    Quelques virus H1N1. © Licence Commons

    Un virus caméléon mais connu

    Les coupables sont aujourd'hui assez bien connus. Appelés Myxovirus influenzaeMyxovirus influenzae, ce sont des virus à ARNARN du groupe des orthomyxoviridés. Ceux responsables de graves pandémies sont dits de type A et se distinguent des deux autres types de virus de la grippe, B et C, par la faculté de se modifier rapidement. Stables dans le temps, les virus de type C présentent un danger moindre car le système immunitairesystème immunitaire apprend à les reconnaître et les vaccinsvaccins, eux aussi, restent longtemps efficaces. Les virus de type B évoluent lentement, en modifiant régulièrement les protéinesprotéines parsemées sur leur surface (la capsidecapside) et qui se comportent comme des antigènesantigènes. Ce sont elles que reconnaît le système immunitaire. En les modifiant, le virus peut passer inaperçu. Mais les variantes successives des virus B se ressemblent suffisamment pour que l'immunitéimmunité acquise persiste. Chez les virus A, les mutations modifient radicalement les protéines de surface et en font de nouveaux virus pour le système immunitaire. Un vaccin jusque-là efficace n'aura alors plus aucun effet.

    Pour ces virus de type A, on définit quelques sous-types selon les variantes de deux protéines de surface, l'hémagglutininehémagglutinine (HA) et la neuraminidaseneuraminidase (NA). On connaît actuellement 15 HA et 9 NA. Un virus H1N1 est donc un virus de type A avec une HA de type 1 et une NA de type 1. C'est le cas du virus de la grippe porcinegrippe porcine et de celui de la grippe espagnolegrippe espagnole.

    Pour la grippe porcine, la contagion se fait de l'homme à l'homme, d'où le risque d'épidémie. En revanche, la maladie ne se transmet pas par la consommation de viande de porc. La situation est donc très différente de celle de la grippe aviairegrippe aviaire, pour laquelle la transmission interhumaine a été fortement suspectée mais dans quelques cas seulement. Les mesures à prendre incluent donc logiquement l'isolement et le port de masques dans les zones touchées.

    Les symptômes sont ceux de la grippe classique (fièvrefièvre, fatigue, douleursdouleurs, toux) mais il n'est pas utile de s'affoler si l'on ressent ces symptômes sans avoir visité le Mexique depuis longtemps... Il n'existe pour l'heure aucun vaccin mais les autorités sanitaires signalent deux médicaments efficaces en début d'infection, le TamifluTamiflu (des laboratoires Roche), déjà utilisé contre la grippe aviaire, et le RelenzaRelenza, un antiviral fabriqué par GlaxoSmithKline et combattant la grippe. Les autorités sanitaires françaises affirment disposer de 33 millions de doses d'antivirauxantiviraux (essentiellement de Tamiflu) et Roche annonce que « trois millions de doses de Tamiflu sont prêtes à l'envoi ».