La grippe aviaire refait son apparition sur le territoire d’Hong-Kong, où une femme est toujours dans un état grave. Pour le moment, nul besoin de s’affoler : aucun signe ne permet de suspecter le déclenchement d'une épidémie.
Le premier cas de grippe aviaire depuis 7 ans a été détecté à Hong-Kong. © Steve Webel, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

Le premier cas de grippe aviaire depuis 7 ans a été détecté à Hong-Kong. © Steve Webel, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

À Hong-Kong, un nouveau cas humain de grippe aviaire vient d'être officiellement détecté, selon le département de la santé hongkongais. Cette femme de 59 ans, toujours dans un état grave, est donc le premier cas de grippe aviaire depuis 2003 sur le territoire. Elle aurait contracté la maladie au cours d'un voyage de quelques jours en Chine continentale, où des cas de grippe aviaire sont diagnostiqués chaque année depuis 2005.

Présentant un rhume depuis le 2 novembre, puis une toux le 5, elle a finalement été admise à l'hôpital le 14 suite à une fièvre persistante et à la présence de sang dans les expectorations. D'abord diagnostiquée comme atteinte d'une pneumonie, la patiente a finalement été soumise à des tests en laboratoire qui ont confirmé la présence du virus H5N1. Son mari, présentant également des signes fiévreux, serait lui guéri.

Transmission de l’oiseau à l’homme

Comment a-t-elle pu contracter la maladie ? Selon l'enquête réalisée, la patiente n'a pas, au cours de son voyage, visité d'exploitations agricoles ou été en contact direct avec des oiseaux mais serait simplement allée dans des marchés. L'origine de la contamination n'est pas encore bien établie, mais « nous devons d'abord nous concentrer sur les oiseaux comme source probable de cette infection » indique le responsable de la santé à Hong Kong, York Chow. Car la grippe aviaire se contracte, comme son nom l'indique, par contact prolongé avec les oiseaux qui sont eux-mêmes infectés, via les fientes et les plumes.

La grippe aviaire H5N1 se transmet de façon interespèce des oiseaux à l'homme, mais pas encore d'homme à homme. © SEKEM Biol102-F08, Flickr, CC by-nc-nd 3.0

La grippe aviaire H5N1 se transmet de façon interespèce des oiseaux à l'homme, mais pas encore d'homme à homme. © SEKEM Biol102-F08, Flickr, CC by-nc-nd 3.0

La transmission du virus interespèce est possible car les protéines virales et notamment celles situées à la surface (neuraminidase, hémagglutinine) sont suffisamment adaptées à l'homme. Les virus de la grippe de type H5N1, H7N3, H7N7 et H9N2 sont ainsi connus pour être transmissibles à l'homme par les oiseaux, mais seule la souche H5N1 provoque des symptômes de cette gravité.

Ce virus provoque une dégradation rapide de l'état de santé des patients. Une détresse respiratoire aiguë apparaît au bout de quelques jours et peut durer une à deux semaines. Si la maladie peut être traitée dès les premiers symptômes à l'aide de la molécule oseltamivir (contenue dans le médicament antiviral tamiflu), un inhibiteur de l'enzyme virale neuraminidase, ce traitement est loin d'être efficace à 100 %. Malgré les soins, plus de la moitié des cas humains de grippe aviaire confirmés en laboratoire ont été mortels.

Faut-il s’inquiéter ?

Est-il alors légitime de créer une nouvelle vague de panique comme ce que l'on a pu subir il y a 5 ans ? Selon York Chow, « le risque d'une propagation de la grippe aviaire à Hong Kong n'est pas de beaucoup supérieur à ce qu'il était avant ». La patiente serait un cas isolé et il n'y a aucun signe laissant supposer que le virus s'est adapté pour passer directement d'humain en humain. De ce que l'on sait, le virus H5N1 se multiplie essentiellement dans les voies respiratoires inférieures (alvéoles respiratoires) et non pas dans la gorge ou la trachée. Il est donc difficilement transmissible d'un homme à un autre par la toux ou l'éternuement.

D'ailleurs, les proches de la malade et les personnes ayant été en contact avec elle ont également subi des tests de diagnostic, mais ne sont pas infectés par le virus H5N1. Des mutations dans le génome du virus, qui lui permettraient de modifier son tropisme et faciliter sa transmission d'homme à homme, ne sont pourtant pas à exclure, ce qui pourrait mener à une inquiétante pandémie. Mais nous n'en sommes pas là.