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Le foie est un organe essentiel : il joue un rôle fondamental dans le métabolisme des glucides et des lipides, stocke des vitamines et le glycogène ou encore décompose les médicaments... En recréer en laboratoire depuis des cellules souches reste un exploit et un espoir considérable ! © Henry Gray, Gray's Anatomy, Wikipédia, DP
Le don d’organes sauve des vies. Mais les médecins doivent faire face à un déficit de donneurs en comparaison du nombre de personnes nécessitant une greffe, limitant le succès de cet acte généreux. Les scientifiques s'affairent pour trouver de nouvelles solutions à ce problème. L'une d'entre elles, qui consiste à recréer l'organe défaillant en laboratoire, vient d'atteindre un stade encore jamais égalé.
L'annonce est parue dans le quotidien japonais Yomiuri Shimbun, le plus lu de la planète. L'article explique comment des chercheurs de la Yokohama National University sont parvenus à fabriquer un foie humain à partir de cellules souches. Cette performance, qui n'est pas tout à fait une première mondiale, outrepasse les problèmes éthiques soulevés par l'équipe anglaise qui avait utilisé des cellules souches embryonnaires (CSE). Il reste cependant encore beaucoup de progrès à réaliser avant d'employer la méthode en clinique.
Un foie recréé à partir de CSPi
Dans un premier temps, les scientifiques ont récupéré des cellules souches pluripotentes induitescellules souches pluripotentes induites (CSPi) humaines. Ce sont d'anciennes cellules adultes traitées spécifiquement pour acquérir la possibilité de se différencier en n'importe quel tissu et devenir ainsi des cellules souches. Les CSPi sont de plus en plus utilisées dans la recherche car elles évitent les problèmes moraux liés à l'utilisation de CSE, nécessitant la destruction de l’embryon.
Les cellules souches embryonnaires, comme celle que l'on voit à l'image, posent des problèmes éthiques. Mais depuis 2006 et la possibilité de créer des cellules souches pluripotentes induites, la recherche en médecine régénérative s'est trouvé de nouveaux modèles. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Ces CSPi ont été programmées pour devenir des précurseurs de cellules hépatiques. Elles ont été associées à d'autres types de cellules, et le tout a été placé dans la tête de souris. Le cerveaucerveau des mammifèresmammifères étant très irrigué, il constituait le lieu idéal pour aider le foie à croître. Au bout de quelque temps, l'organe atteignait la taille de 5 mm. Un brin minuscule à côté des 30 cm qu'il mesure en moyenne chez l'Homme... mais qui ne l'empêche pas de reproduire les fonctions hépatiques : synthèse de protéinesprotéines humaines et capacité à métaboliser et transformer certaines substances.
Pas d’application clinique avant des années
Cette nouvelle sera plus largement commentée lors du congrès annuel de l'International society for stem cells research (ISSCR), qui se tiendra du 13 au 16 juin, à Yokohama justement. Les limites paraissent évidentes à ce stade des connaissances. Le modèle murinmodèle murin est bien trop petit pour fournir des organes de taille raisonnable.
De nombreux détails resteront donc à régler et il faudra encore franchir bien des étapes qui s'étaleront sur des années avant d'espérer greffer le premier organe créé artificiellement chez un être humain. Mais le concept semble démontré et la technologie presque à portée de main. La médecine régénérative progresse à grands pas !