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Source image : Singapore Cancer Society (Commons)
Nous avions déjà évoqué la possibilité d’affamer les tumeurs cancéreuses pour les tuer. Ce procédé se basait sur l'isolement des cellules cancéreuses induit par leur prolifération anarchique et leur besoin de s'approvisionner en glucose. Interrompre ce processus constituait une voie curative prometteuse, et l'est toujours. Mais voici qu'une équipe de chercheurs de l'Institut de recherche du Centre Universitaire de Santé McGill (CUSM) à l'Hôpital de Montréal pour enfants vient d'identifier un autre mécanisme d'alimentation des cellules tumorales, ainsi que le moyen de l'enrayer.
Lorsqu'une tumeur se développe, certaines de ses cellules émettent des microvésicules, renfermant des protéines cancéreuses. Celles-ci quittent la tumeur, atteignent les vaisseaux sanguins environnants et entrent en contact avec les cellules endothéliales, c'est-à-dire les cellules qui en forment la paroi interne. Leur rôle est alors de favoriser la formation anormale de nouveaux vaisseaux qui se mettent à croître en direction de la tumeur, afin de leur apporter les éléments nécessaires à son développement.
« Nous avions déjà mis l'existence de ces vésicules en évidence, ainsi que leur importance pour la communication entre les cellules cancéreuses et leur environnement, rappelle Dr Janusz Rak du CUSM. Mais cette découverte est beaucoup plus ciblée et représente une nouvelle direction pour la recherche thérapeutique. »
Une nouvelle voie thérapeutique prometteuse
La compréhension de ce processus fournit aussi un nouveau moyen de lutte contre le cancer. Car une famille de moléculesmolécules dérivées de l'annexine V, une protéine, dont les propriétés anti-thrombotiques sont déjà connues et utilisées sous une forme médicamenteuse (Diannexin), semble efficace pour freiner le développement de nouveaux vaisseaux et ainsi affamer la tumeur.
« La molécule que nous avons utilisée est aussi efficace in vitroin vitro que in vivoin vivo. Elle empêche la formation de nouveaux vaisseaux sanguins chez des souris atteintes de cancer, et ainsi limite très fortement l'expansion de la tumeur » explique le Dr Rak. Selon le chercheur, le Diannexin a démontré, in vitro, ses capacités à bloquer la fusionfusion entre les vésicules et les cellules endothéliales, qu'elle a ensuite confirmées in vivo en limitant très fortement l'expansion certains cancers chez des souris ayant reçu ce traitement.
Un résultat d'autant plus significatif qu'il a été obtenu sans chimiothérapiechimiothérapie additionnelle, auquel cas il aurait pu s'avérer encore plus efficace, selon l'équipe de recherches.