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Les plaquettes, ou thrombocytes, (au centre), circulent dans le sang aux côtés des globules rouges (à gauche) et des globules blancs (à droite). Pourtant, seuls ces derniers passent dans le système lymphatique. Pourquoi ? Les plaquettes contôleraient ces passages... © DP
Les cellules du système immunitaire sont en permanence sur leurs gardes, à l'affût du moindre élément suspect. Les lymphocytes, des cellules immunitaires spécialisées, quittent régulièrement les vaisseaux sanguins et se dirigent vers le circuit lymphatique afin d'apprendre à reconnaître les corps étrangers. Pour y parvenir, ils circulent dans des vaisseaux particuliers, appelés veinules à endothélium épais (HEVHEV), qui leur ouvrent l'entrée dans les ganglions lymphatiques. Lors d'une infection, le trafic dans ces veinules est particulièrement intense.
Depuis de nombreuses années, les scientifiques se demandent comment les lymphocytes traversent les HEV sans entraîner avec eux quelques globules rouges, ce qui engendrerait une hémorragie. Des chercheurs de l'Oklahoma Medical Research Foundation viennent de résoudre ce mystère. Leur étude met en évidence le rôle des plaquettes sanguinesplaquettes sanguines dans la rétention des cellules du sang lors des voyages des lymphocytes dans les HEV. Ces travaux, publiés dans la revue Nature, révèlent une nouvelle fonction des plaquettes, jusqu'ici connues pour colmater les brèches lors d'une blessure. Ce n'est cependant pas la première fois que les plaquettes nous surprennent et des expériences précédentes avaient aussi montré qu'elles pouvaient s'allier aux macrophages pour combattre les infections.
Le réseau lymphatique est composé de tous les vaisseaux qui font circuler la lymphe, un liquide biologique comparable au sang mais dépourvu de globules rouges. Le système lymphatique est ici représenté en jaune, alors que les vaisseaux sanguins sont en rouge (artères) et bleu (veines). © Lamiot, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Les plaquettes empêchent les globules rouges de s’échapper
Au cours de cette étude, les scientifiques se sont intéressés au rôle d'une protéine de la membrane des cellules, appelée podoplanine, dans le maintien de la barrière des HEV. Pour ce faire, ils ont fabriqué des souris transgéniquestransgéniques incapables de synthétiser cette protéine. Les souris mutantes se sont alors mises à saigner spontanément au niveau des ganglions. Cependant, en empêchant les lymphocytes de traverser les HEV, les auteurs ont réussi à arrêter les saignements. Ils en ont conclu que la podoplanine était nécessaire au maintien de l'intégritéintégrité des HEV.
En observant de plus près cette protéine, les auteurs ont découvert qu'elle était capable de se lier aux plaquettes sanguines. Cette interaction induit la libération d'une moléculemolécule qui favorise la production de cadhérinescadhérines, des protéines qui jouent un rôle important dans la liaison intercellulaire entre les tissus. En colmatant ces ouvertures, les plaquettes empêcheraient les globules rouges de circuler dans les HEV.
Ce travail met ainsi en évidence une nouvelle fonction des plaquettes dans le bon déroulement de la réponse immunitaireréponse immunitaire. Après les globules blancs qui chaperonnent les globules rouges, cette étude met une fois de plus en lumièrelumière les relations qui existent entre les différents éléments du sang.