Le virus de la fièvre hémorragique Ébola a touché 1.323 personnes et en a tué 729, à ce jour, au cours de l’épidémie la plus importante jamais observée. Ces derniers chiffres ont été fournis par le docteur Margaret Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans un discours adressé aux dirigeants africains concernés par la flambée. Objectif, stimuler la lutte contre l’épidémie. Dans ce but, elle a également invité le comité d’urgence de l’OMS à se réunir le 6 août prochain pour estimer le risque de propagation au niveau international.

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    Dans le centre de soins de MSF pour les malades d’Ébola de Kailahun, en Sierra Leone, les patients sont amenés dans cette zone à haut risque de contamination. © Sylvain Cherkaoui/Cosmos

    Dans le centre de soins de MSF pour les malades d’Ébola de Kailahun, en Sierra Leone, les patients sont amenés dans cette zone à haut risque de contamination. © Sylvain Cherkaoui/Cosmos

    « Cette flambée [de fièvre hémorragique Ébola] est, de loin, la plus importante jamais vue dans l'histoire de cette maladie qui n'a que 40 ans », souligne le docteur Margaret Chan. En nombre de cas et de décès, mais aussi de zones géographiques touchées. « Elle est en train de se propager plus vite que nos efforts pour la contrôler, concède-t-elle. Si cette diffusiondiffusion se poursuit, les conséquences pourraient en être catastrophiques en nombre de vies humaines perdues ainsi qu'en matièrematière socio-économique.

    Pour autant, « il est possible de contrôler les flambées d'ÉbolaÉbola », affirme-t-elle. D'autant qu'il ne s'agit pas d'un virus contagieux par la voie aérienne : un contact direct avec les fluides corporels d'un malade est nécessaire pour l'attraper. C'est pourquoi les mesures de mise en quarantaine et de suivi des personnes contacts devraient être efficaces. Mais face à l'échec constaté, la directrice de l'OMS martèle l'importance de « cette réunion [qui] doit marquer un virage dans la lutte contre la maladie »

    En effet, l'épidémie d'Ébola est favorisée par un cruel manque de moyens matériels et de personnels qualifiés. D'autant que les professionnels de santé ont payé un lourd tribut au virus. « À ce jour, plus de 60 d'entre eux ont perdu la vie en aidant les malades », précise ainsi Margaret Chan, qui lançait au cours de cette même réunion, un plan de 100 millions de dollars pour intensifier la lutte. Sur son compte twittertwitter, Gregory Härtl, porteporte-parole de l'OMS, précisait ce même vendredi que sur la totalité de cette somme, « 30 millions étaient déjà réunis ».

    Le virus Ébola vu au microscope électronique. Ce parasite transmet une maladie mortelle contre laquelle n'existent aucune vaccination ni aucun traitement curatif. © <em>UW-Madison School of Veterinary Medicine</em>

    Le virus Ébola vu au microscope électronique. Ce parasite transmet une maladie mortelle contre laquelle n'existent aucune vaccination ni aucun traitement curatif. © UW-Madison School of Veterinary Medicine

    De graves obstacles subsistent dans la lutte contre le virus

    « Des croyances profondément ancrées et des pratiques culturelles [contact avec la dépouille au cours des funérailles... NDLRNDLR] sont une cause importante de la propagation du virus », poursuit le docteur Chan. À tel point que « dans certaines zones, les chaînes de transmission sont devenues invisibles car les populations les cachent ». En effet, « étant donné le fort taux de létalité de la maladie, les familles des malades préfèrent les soigner à domicile. Ainsi ne risquent-ils pas de mourir à l'isolement, loin d'eux », explique-t-elle.

    Or de nombreuses preuves montrent qu'une prise en charge précoce et intensive augmente nettement les chances de survie. Par ailleurs, il arrive encore trop souvent que la peur et l'incompréhension des populations se transforment en colère, en hostilité et en violence envers les équipes intervenant dans la lutte contre la maladie.

    « Nous sommes très inquiets. » Le docteur William Etienne, médecin coordinateur de MSF pour la Sierra Leone, confirme que la situation, alarmante au Liberia et en Sierra Leone, nécessite une coordination de la part de l'OMS. Il espère que celle-ci sera rapide et efficace. « Informer les populations, mettre en place un système de référence d'accès aux soins, prendre en charge tous les malades et faire un suivi de toutes les chaines de transmission. » La tâche se révèle chaque jour plus colossale, dans des pays parmi les plus pauvres de la planète, à peine sortis de longues périodes de guerre civile...