Le terrible virus Ebola ne serait pas contagieux uniquement par contact entre fluides corporels. Il pourrait aussi passer par voie aérienne, même si ce cas de figure semble rare. D’autre part, cela n’a jamais été constaté en conditions réelles, mais en laboratoire, les cochons pourraient transmettre la maladie à des singes... Et donc à l'Homme ?

au sommaire


    C'est un tueur redoutable. Le virus Ebola, découvert en 1976, a tué les deux-tiers des personnes qu'il a infectées. Frappant l'Afrique centrale, il entraîne des fièvres hémorragiques qui affectent également les grands singes et autres primatesprimates de la région, ainsi que certaines antilopesantilopes ou les porcs-épics.

    Mais les animaux domestiques pourraient également déclarer cette terrible maladie. Des témoignages rapportés par des villageois lors d'une épidémie en 2007 en République démocratique du Congo faisaient état de porcs manifestant très vite après l'arrivée du virus des symptômes et mourant dans les jours suivants. Était-ce Ebola ? On ne le sait pas.

    Les seules mesures réalisées en conditions réelles qui indiquent une infection par le virus dans des cochons viennent des Philippines. Dans des fermes, des porcs étaient porteurs d'une souche appelée Reston, mortelle chez le singe mais qui semble inoffensive chez l'Homme, les éleveurs ayant probablement été infectés sans déclarer aucun symptôme. Pour les autres souches, en revanche, on ne dispose d'aucun indice.

    Des porcs qui attrapent Ebola

    En laboratoire, en revanche, ces mammifèresmammifères omnivores peuvent tomber malades, comme l'ont montré des scientifiques de l'University of Manitoba. Dans leur étude publiée dans Scientific Reports, les cochons contaminés ont même transmis le virus à des singes situés dans des cages environnantes, alors que le contact physiquephysique entre les animaux était impossible.

    Le virus Ebola, de la famille des filovirus, peut se montrer extrêmement mortel. Certaines souches tuent 90 % des personnes qu'elles infectent. Il est tellement dangereux que bien souvent il cause la mort de son hôte avant d'avoir pu contaminer un autre organisme, ce qui en fait un de ses points faibles... © Frederick Murphy, CDC, DP

    Le virus Ebola, de la famille des filovirus, peut se montrer extrêmement mortel. Certaines souches tuent 90 % des personnes qu'elles infectent. Il est tellement dangereux que bien souvent il cause la mort de son hôte avant d'avoir pu contaminer un autre organisme, ce qui en fait un de ses points faibles... © Frederick Murphy, CDC, DP 

    La souche virale la plus terrible, dite Zaïre, a été inoculée à six porcelets, placés dans un enclos séparé physiquement de celui de quatre macaques crabiers (Macaca fascicularisMacaca fascicularis), modèle primate couramment utilisé. Environ une semaine plus tard, deux des singes tombaient malades. Pourtant, il n'y avait eu aucun contact.

    Or, on pensait jusque-là que le virus Ebola se transmettait par échange de fluides organiques (sang, spermesperme, salivesalive, etc.), ce qui n'a pas pu être le cas dans cette étude. Les auteurs pensent donc que la contaminationcontamination s'est effectuée par les voies aériennes, ce qui démontrerait une nouvelle aptitude du pathogènepathogène pour se répandre. Une conclusion à prendre avec prudence car, malgré tous leurs efforts, ils reconnaissent que l'infection pourrait éventuellement provenir de gouttelettes de l'enclos des porcs qui seraient passées d'une cage à l'autre lors du nettoyage, même si ce n'est pas l'hypothèse privilégiée. 

    Le virus se transmet-il par voies aériennes en conditions réelles ?

    Sur les 2.200 cas humains documentés d'Ebola depuis 1976, seuls 13 d'entre eux ne pouvaient être expliqués par contact direct. A-t-on enfin trouvé une explication ? Impossible d'être affirmatif. L'expérience a été menée entre des cochons et des singes dans des conditions de laboratoire, dans un lieu très confiné. Or, on ignore si cela peut réellement se produire en conditions réelles.

    Si effectivement le virus détient ce pouvoir, il ne l'utilise pas de manière privilégiée. Mais cela multiplie les risques, surtout si les porcs dans leurs enclos sont également des sources d'infections possibles. Pour l'instant, on impute ces épidémies à certaines chauves-souris, mais jamais à des cochons. L'OMSOMS compte investiguer plus précisément sur ce sujet.

    Elle peut malheureusement mener son enquête sur l'épidémie qui touche l'Ouganda. Depuis juillet, une résurgence du virus a fait 36 victimes. Après 3 semaines sans nouveau cas, on croyait la pandémiepandémie enfin stoppée au début du mois de novembre. Cette semaine, trois nouvelles personnes en sont mortes. Les chiffres pourraient encore gonfler ces prochains jours...