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Grâce aux travaux menés à l'Université Washington, la mesure pluriquotidienne de la glycémie ne sera peut-être plus nécessaire. © Mr Hyde / Wikimedia Commons
Le diabète de type 1, provoqué par une production insuffisante d'insuline, entraîne une augmentation du taux de glucose dans le sang. La maladie peut être soignée par différents moyens. Le plus courant, mais aussi le plus contraignant, consiste à vérifier la glycémie et à s'injecter une dose d'insuline si besoin, plusieurs fois par jour.
Une autre solution consiste en la greffe d’un pancréas : l'insuline est régulée naturellement, mais c'est alors l'organe qu'il faut protéger du rejet immunitaire en absorbant des médicaments immunosuppresseurs quotidiennement. Cette solution ne peut être proposée qu'à des personnes en bonne forme et, quoi qu'il en soit, les organes humains sont rares.
Dernière solution : la xénogreffe (greffe inter-espèceespèce). Un pancréaspancréas d'un animal, le porc, est beaucoup plus facile à obtenir, mais a priori tout aussi susceptible aux rejets du système immunitaire. Mais une nouvelle publication dans le journal American Journal of Pathology décrit une technique de xénogreffe quelque peu révolutionnaire : les médicaments immunosuppresseurs ne seraient plus nécessaires. C'est en tout cas ce qu'ont montré les chercheurs sur un modèle animal du diabètediabète de type 1, le rat.
Les chercheurs de l'Ecole de Médecine de l’Université Washington à Saint-Louis ont mis au point une technique en deux étapes. La première étape a consisté en l'implantation, dans les rats diabétiquesdiabétiques, de cellules pancréatiques embryonnaires de porc, issues d'embryonsembryons de porc de 28 jours seulement. Alors que les rats étaient incapables de synthétiser l'insuline et possédaient un taux de glucose dans le sang très élevé, les cellules pancréatiques en développement ont commencé à synthétiser de l'insuline et à diminuer la glycémie.
La xénogreffe d'îlots pancréatiques de porc semble bien fonctionner sur les rats. Les futurs tests prévus sur des primates non-humains devraient donner des indications quant à l'avenir de la technique sur l'Homme. Crédits DR
Des tests prévus sur les primates
La deuxième étape est survenue huit semaines plus tard. Des îlots pancréatiques issus de porcs adultes ont été transplantés dans les rats prétraités aux cellules. Après douze semaines, et même pendant les mois suivants, les rats ayant subi les deux interventions semblaient être guéris du diabète : leur taux de glucose était normal, marqueur d'une production correcte d'insuline.
Cette méthode en deux étapes s'est montrée doublement efficace comparée à chacune des deux étapes testées séparément : les rats n'ayant subi que l'implantation des cellules pancréatiques embryonnaires de porc avaient toujours une glycémie trop élevée ; les rats ayant uniquement subi la transplantationtransplantation des îlots pancréatiques de porc adulte rejetaient leur greffongreffon.
Les cellules pancréatiques embryonnaires de porc ont donc permis de préparer les rats à recevoir le futur greffon. Les cellules en développement ont en quelque sorte permis une mise à jour du système immunitairesystème immunitaire du rat, qui peut maintenant tolérer le greffon provenant du même donneur.
Cette publication est la première à montrer l'efficacité à long terme d'une greffe d'îlots pancréatiques sans qu'y soient associés des immunosuppresseurs. Les chercheurs se sont maintenant attelés à effectuer les mêmes expériences sur un primate non-humain. Dans des essais précédents, les chercheurs avaient montré que l'implantation d'un nombre plus important de cellules pancréatiques embryonnaires de porc dans les rats leur avait diminué suffisamment le taux de glucose, sans pour autant mener aux mêmes résultats chez le primateprimate.
Si cette fois-ci les chercheurs confirment leurs travaux sur un animal plus proche de l'Homme, la greffe des îlots pancréatiques de porc sans médication contraignante et risquée ne sera plus inaccessible. Encore faut-il en accepter l'idée...