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Article paru le 17/10/2017
Aujourd'hui en France, environ 16.000 patients attendent une greffe de reinrein et 3.600 personnes ont reçu une greffe rénale en 2016, d'après l'agence de biomédecine. Parfois, dans l'entourage du patient en attente d'une greffe, une personne serait d'accord pour donner son rein mais elle n'est pas compatible avec le malade. Dans ce cas, un système de don croisé est possible : deux paires donneur-receveur échangent un rein. Le système de don croisé est autorisé en France depuis 2011 mais encore peu utilisé. Un cas de don croisé a été décrit dans Ouest France récemment.
Plus de 5.000 greffes en France en 2012, un record
Les paires de donneurs et receveurs incompatibles sont répertoriées et pourraient servir à un autre système de don d’organes... Aux États-Unis, un ancien juge californien, Howard Broadman, a eu l'idée d'une nouvelle approche pour inciter plus de personnes à donner leur rein de leur vivant. Son petit-fils est un enfant qui souffre d'une maladie rénale chronique : il aura probablement besoin d'une greffe dans 10 à 15 ans. Mais à ce moment-là, son grand-père sera trop âgé pour donner un de ses reins.
C'est pourquoi Howard Broadman a imaginé un système pour augmenter les chances de son petit-fils d'obtenir une greffe : il a proposé de donner son rein à un patient en attente de greffe pour qu'en retour son petit-fils devienne prioritaire dans la liste d'attente.
Dans le cas d’un don croisé de rein, les opérations doivent toutes avoir lieu en un temps limité. © Pier95, Fotolia
Une chaîne de dons de reins en cascade
Le grand-père s'est adressé à l'université de Californie (Los Angeles) qui a accepté l'idée. Il a ainsi été le premier participant d'un programme expérimental qui a fait l'objet d'une publication récente dans la revue Transplantation. En décembre 2014, le grand-père a subi l'opération qui lui a retiré un rein. Le rein a été greffé à une personne qui faisait partie d'une paire donneur-receveur ; le donneur de cette paire a donc donné son rein à un autre patient compatible avec lui, qui faisait partie d'une autre paire donneur-receveur... En définitive, le don de rein du grand-père a initié une chaîne de dons qui a permis à trois patients de recevoir un rein.
Le saviez-vous ?
Plus de 80 % des greffes de rein sont réalisées avec des donneurs décédés. Environ trois quarts des greffes avec un donneur vivant sont toujours fonctionnelles dix ans après la greffe, contre deux tiers avec un donneur décédé.
Le don d’un proche vivant permet d’éviter de rester des années sur la liste d’attente. La greffe de rein est nécessaire en cas d'insuffisance rénale grave.
De la même façon, deux autres chaînes de greffes sont décrites dans cet article. Ainsi, en 2007, une jeune fille avait reçu un rein d'un donneur vivant à l'âge de dix ans. Neuf ans plus tard, son greffongreffon fonctionnait bien mais son père de 52 ans voulait lui donner un rein en prévision de problèmes qui pourraient survenir dans les décennies à venir. Il a donc donné son rein en août 2015 à une autre personne, ce qui a déclenché une chaîne de dons d'organes permettant huit greffes. Sa fille serait alors prioritaire pour une greffe lorsqu'elle en aurait besoin. Le dernier cas similaire était celui d'une jeune patiente dont la tante de 60 ans a donné son rein en mai 2016, ce qui a initié une chaîne de 14 greffes.
En tout, ces trois dons réalisés pour qu'un proche devienne prioritaire à l'avenir ont permis de réaliser 25 greffes. Ce système pourrait donc encourager de « jeunes seniors » à donner leur rein avant qu'ils ne soient trop âgés.
Ce qu’il faut
retenir
- Un grand-père américain a imaginé un système de chaînes pour faciliter le dons d'organe.
- Une telle organisation pourrait inciter des personnes à donner un rein de leur vivant.