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Un premier pas. La dégénérescence maculairedégénérescence maculaire liée à l'âge, ou DMLA, est la principale cause de perte de vision irréversible dans les pays industrialisés. Sa forme humide, dite exsudative, est plus sévère que la forme sèche, évoluant plus lentement. Les traitements utilisés, notamment le ranibizumab (Lucentis), connaissent une efficacité relative mais ne permettent pas de soigner cette maladie de la vision.
Des études précédentes avaient révélé l'intérêt des acides gras oméga-3 dans la préventionprévention de ce trouble. En effet, en 2011, une étude publiée dans Archives of Ophthalmology soulignait que les femmes consommant beaucoup de poissonpoisson, riche en ces moléculesmolécules, étaient moins susceptibles de déclencher la DMLA. De même, les populations amatrices de poissons semblent plutôt préservées de la dégénérescence maculaire.
Éric Souied et ses collègues du centre hospitalier intercommunal de Créteil ont entrepris un vaste essai sur trois ans, pour tenter d'établir l'effet d'une supplémentation en oméga-3 dans la prévention de la DMLA. Le médecin a présenté les résultats lors du 119e congrès de la Société française d'ophtalmologie (SFO), auquel Futura-Sciences a assisté. Ceux-ci, publiés dans Ophthalmology, sont mitigés, mais il semble néanmoins que les personnes présentant les taux les plus élevés en cet acide gras tirent de réels bénéfices de ce traitement.
La DMLA affecte profondément l'acuité visuelle. Ces deux images représentent une même scène perçue avec une vision normale (à gauche) ou chez une personne atteinte de DMLA. © NIH
Le DHA diminue les risques de dégénérescence maculaire
Quelque 263 patients, âgés entre 55 et 85 ans et tous atteints de lésions précoces liées à la DMLA, ont accepté de participer à l'étude. Ces volontaires ont été rangés en deux groupes. Une moitié devait ingérer un complément quotidien de deux oméga-3 : 840 mg de DHADHA (acide docosahéxaénoïque) en plus de 270 mg d'EPA (acide eicosapentaénoïque). L'autre moitié recevait une capsule d'huile d'olive en guise de placébo.
Les auteurs ont noté que le traitement augmentait de 70 % la quantité de DHA dans les membranes des cellules de la rétine et du cerveau, par extrapolation des résultats obtenus en analysant les globules rouges. Chez le tiers des patients présentant les taux les plus élevés, les risques de déclencher la DMLA étaient diminués de 68 % sur trois ans, par rapport aux autres. Un résultat plus qu'intéressant.
En revanche, il faut modérer ces chiffres encourageants avec le reste des observations. Car d'un point de vue global sur les autres patients, l'absorption d’oméga-3 à ces doses n'influence ni le délai d'apparition, ni l'incidenceincidence de la maladie de manière significative.
Plus d’oméga-3 pour une meilleure prévention ?
Les scientifiques ont également repéré une augmentation de 9 % des taux de DHA dans les membranes des cellules du groupe placéboplacébo. Pour les chercheurs, un tel résultat s'explique probablement par un changement dans les habitudes alimentaires des volontaires de ce groupe, qui auraient pu d'eux-mêmes se diriger vers des produits riches en oméga-3. Ce détail illustre les limites des études en micronutrition.
Ce travail montre donc qu'en maintenant des taux de DHA à des niveaux élevés dans le temps, il est possible de diminuer les risques de déclarer la DMLA. Peut-être faut-il encore augmenter les doses à ingérer, sachant que les oméga-3 peuvent être avalés sans effets secondaires indésirables jusqu'à au moins 4 g par jour. Car à défaut de guérir, autant prévenir.
Congrès SFO
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Créée en 1883, la Société française d'ophtalmologie regroupe un grand nombre de spécialistes des pathologies oculaires. Tous les ans, elle organise un congrès pour faire le point sur des sujets médicaux actuels. Cette année, Futura-Sciences a assisté à cette 119e conférence et vous propose quelques rendez-vous, par l'intermédiaire d'articles aux formats variés.