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« Ce matin je suis monté en haut de l'artimon. J'avais un peu de stress avec ce cathéter mais pas de problème, il ne me gène pas du tout. » A lire sur la page Historique du blog de Jean-Louis Clémendot.
Tenerife, Canaries. Il est 16 heures ce 30 novembre 2009 lorsque Jean-Louis Clémendot largue les amarres pour la Martinique. Il est seul à bord de l'HarmattanHarmattan. C'est le début d'une aventure de trois à quatre semaines. Aventure peu banale car ce skipper pas comme les autres est insuffisant rénal. Soumis à une dialyse péritonéale trois fois par jour, il est déterminé à réaliser son rêve. Coûte que coûte, il traversera l'Atlantique en solitaire.
Parisien et passionné de navigation, Jean-Louis Clémendot nourrit son projet depuis toujours. Dix ans durant il a retapé l'Harmattan, un vieux yacht de 15 mètres. Mais en avril dernier le couperet tombe : insuffisant rénal depuis de nombreuses années, il doit être mis sous dialyse péritonéale. « Pour ce patient épris de liberté, le choix de cette méthode s'est vite imposé. Réalisée 3 ou 4 fois par jour à domicile par le malade lui-même, la dialyse péritonéale permet de maintenir l'autonomieautonomie et la qualité de vie des patients, souligne le docteur Christian Verger, néphrologue et responsable de l'Unité de dialyse ambulatoireambulatoire au CHG de Pontoise. Le recours à l'hémodialyse, une technique réalisée à l'hôpital à raison de deux demi-journées par semaine, l'aurait contraint à ne plus naviguer. »
Christian Verger est d'abord opposé au projet. C'est un raisonnable, dans son genre... « Personne n'a jamais tenté pareille traversée. A distance, s'il fait une péritonite aigue, impossible d'intervenir ! Mais lorsque j'ai lu son livre, j'ai compris qu'il savait mesurer ses risques. Et j'ai donné mon aval ». Après des mois d'une minutieuse préparation, tout est prêt. Plusieurs stages ont permis à cet aventurier de reconnaître les symptômes d'une péritonite. Deux cents kilos de poches de dialyse et cent kilos de bouteilles d'eau ont été chargés à bord. Un microscopemicroscope pour démasquer les bactéries, un impédancemètre pour la pesée quotidienne, une liaison satellite... tout est prévu.
Jean-Louis Clémendot espère ainsi donner espoir aux 35.000 dialysés de France : « la maladie n'est pas une peine de mort. Je pensais que ma vie serait finie le jour où je serais dialysé, et que je serais en prison à mon domicile. En fait je vis comme avant, j'ai la même liberté, très peu de contraintes et je me demande pourquoi la dialyse péritonéale n'est pas plus répandue. Si mon aventure pouvait contribuer à la faire connaître, j'en serais très fier, et heureux ».
Aujourd'hui, seuls 10% des patients sont sous dialyse péritonéale. D'après le docteur Verger, 30% des malades dialysés pourraient pourtant en bénéficier.