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Les pesticides sont des produits toxiques pour des organismes biologiques comme des insectes ou des mauvaises herbes. Mais parfois, ils sont aussi nocifs pour l'Homme. Accusés d'engendrer diverses maladies, ils pourraient donc favoriser le développement du diabète, une pathologie de plus en plus courante. D'après les estimations, 4,4 % de la population mondiale sera concernée en 2030. © Colin Grey, Wikipédia, cc by sa 3.0
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Depuis la fin du XXe siècle, le monde est en proie à une épidémie d’obésité. Alors qu'on discute toujours pour savoir qui de la malbouffe ou de la sédentarité est le principal responsable, ce trouble métabolique est associé à d'autres pathologies comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète de type 2.
Dans ce dernier cas, on ignore bien souvent les raisons qui poussent l'organisme à devenir beaucoup moins sensible à l’insuline, entraînant une hyperglycémie permanente. Si la génétique a été pointée du doigt, notamment parce qu'un enfant de parents diabétiquesdiabétiques a davantage de risques de déclarer la maladie, les facteurs environnementaux sont également mis en cause.
Ainsi, des chercheurs de l'université de Grenade (Espagne) ont étudié l'impact des pesticidespesticides sur ce trouble du métabolismemétabolisme du glucoseglucose. Et d'après leurs recherches, il pourrait y avoir un lien avec certains d'entre eux.
Dans certaines cultures, les pesticides sont épandus massivement. La technique n'a rien de nouveau et déjà par le passé, certains produits ont été utilisés à foison, ce qui explique que certains composés, interdits depuis des années, sont encore présents dans le sol... et dans le sang. © Wisconsin Department of Natural Resources, Flickr, cc by nd 2.0
Le DDT et le lindane, sources de diabète
Une fois dans l'organisme, un certain nombre de substances chimiques perturbent les systèmes endocrinienssystèmes endocriniens des individus, et notamment la voie de signalisation des œstrogènesœstrogènes. Les auteurs de ce travail publié dans Environmental Research ont tenté d'estimer l'impact de trois pesticides organochlorés et de trois membres de la famille des PCBPCB sur le développement du diabète de type 2.
Ainsi, les concentrations de ces différents produits ou leurs métabolitesmétabolites ont été examinées dans le tissu adipeuxtissu adipeux de 386 patients. Quel que soit l'âge, le genre ou le poids, ceux présentant les taux de DDEDDE (dérivé du fameux insecticideinsecticide DDTDDT) les plus élevés avaient environ quatre fois plus de risque de déclarer le diabète insulinorésistant. Pour les personnes en surpoidssurpoids, le lindane semblait aussi augmenter les risques.
Les pesticides pour expliquer le lien entre obésité et diabète
Si un lien entre les événements pourrait avoir été établi, les scientifiques ignorent encore les mécanismes physiologiques sous-jacents. Certains émettent l'hypothèse que ces pesticides, en venant activer les récepteurs aux œstrogènes, déclenchent une réponse immunitaireréponse immunitaire de l'organisme dirigée contre des acteurs du métabolisme glucidique.
Du point de vue des auteurs en revanche, voilà peut-être une explication au fait que le diabète soit en lien avec l'obésité. La graisse étant un tissu capable de retenir des substances toxiques avalées, inhalées ou absorbées par la peau, les personnes en surpoids pourraient stocker davantage de composés néfastes facilitant l'apparition du diabète.
Il est tout de même intéressant de remarquer que les deux produits incriminés sont interdits sur le territoire espagnol, là où a été menée l'étude, depuis plusieurs décennies, ce qui n'empêche pas les patients testés d'en présenter toujours des traces dans le sang. Le DDT a été banni en 1972, le lindane en 1991. D'ailleurs, une étude récente menée sur ce dernier polluant révèle que 15 ans après son interdiction en France, certains sols sont encore contaminés. Les mauvais souvenirs du passé n'ont pas fini de s'en prendre à notre santé...