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Si au lieu d'écouter des prédicateurs nous laissons s'exprimer notre corps et tentons d'interpréter ses messages, nous pourrions avoir quelques surprises. Et pas toujours des bonnes ! Des chercheurs américains viennent de montrer par une analyse statistique que des protéines utilisées comme marqueurs rénaux pouvaient également fournir des indications sur la santé générale de l'individu. Si leur niveau est bas, la santé est bonne, mais s'il s'élève, les risques de mourir augmentent.
En général, pour constater l'état de fonctionnement des reins, les néphrologues jaugeaient le taux de créatinine dans le sang. En effet, ce composé se forme suite à la dégradation de la créatine musculaire. Il n'est d'aucune utilité pour l'organisme et les reins, chargés de filtrer le sang, l'éliminent dans les urines. Lorsque la concentration de créatinine dépasse les 110 µmoles/L de sang, les voyants sont au rouge car cela indique un dysfonctionnement rénal. Cependant, si ce marqueur est le plus fréquemment utilisé, la cystatine et la beta-trace protéine peuvent également jouer le même rôle.
La cystatine, ici représentée dans sa structure tridimensionnelle simplifiée, est une protéine qui peut aussi prédire l'apparition ou la progression de maladies cardiovasculaires et serait également impliquée dans certaines maladies du cerveau comme Alzheimer. © Fvasconcellos, Wikipédia, DP
Cystatine et beta-trace protéine, les marqueurs de la mort ?
Des chercheurs du Tufts Medical Center de Boston (États-Unis) ont alors analysé statistiquement les taux de ces trois marqueurs grâce à des données provenant de 816 patients atteints de pathologiespathologies rénales et suivis depuis plus de 16 ans en moyenne. Les résultats, parus dans le Journal of the American Society of Nephrology, se révèlent être bien surprenants.
Indépendamment du taux de filtrationfiltration des reins, les patients qui présentaient les taux les plus élevés de créatinine avaient plus de risque de développer une insuffisance rénaleinsuffisance rénale, mais ne connaissaient pas une mortalité élevée. À contrario, si ceux avec les concentrations les plus fortes en cystatine et en beta-trace protéine s'exposaient également à une insuffisance rénale, ils voyaient surtout leur probabilité de mourir s'accroître.
De ce fait, les chercheurs ont montré que ces deux marqueurs protéiques permettaient d'établir un pronostic sur l'état de santé général plus précis que ne le faisait la créatinine, même s'il ne s'agit que d'une probabilité statistique et non d'un lien automatique de cause à effet. Ils vont désormais s'attaquer à tout un panel de nouveaux marqueurs pour tenter d'affiner davantage la précision des pronosticspronostics concernant la survie des patients.