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L'épidémie de choléra a franchi les frontières haïtiennes. © Médecins sans frontières, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
L'épidémie de choléra déclarée en Haïti suite aux mauvaises conditions d'hygiène dans les camps de réfugiés, serait en train de se répandre au-delà des frontières. Mardi, le ministre de la Santé dominicain, Bautista Rojas, a annoncé l'hospitalisation d'un Haïtien de 32 ans à Higuey, en République dominicaine, le pays frontalier qui partage avec Haïti l'île d'Hispaniola. Mercredi, c'est en Floride qu'une femme a été hospitalisée, revenue aux États-Unis après un séjour en Haïti.
Le gouvernement dominicain a semble-t-il mis en œuvre des mesures pour limiter les allées et venues entre les deux pays. De leur côté, les autorités américaines auraient été sensibilisées à la détection des symptômes du choléra parmi la population dont nombre de personnes sont originaires d'Haïti et visitent régulièrement leur famille restée sur place. Une épidémie de choléra, causée par la bactérie Vibrio cholerae via les eaux uséeseaux usées, reste toutefois peu probable aux États-Unis en raison du bon niveau d'hygiène.
Au sein même du pays victime d'un violent séisme en janvier dernier, l'épidémie ne se calme pas. Selon le dernier bilan communiqué mercredi par le ministère de la Santé haïtien, le choléra aurait fait 1.110 morts depuis mi-octobre, et 18.382 hospitalisations. La capitale du pays, Port-au-Prince, dénombrerait désormais 46 décès dus à la maladie contre 38 le jour précédent.
L'île Hispaniola (aussi appelée Saint-Domingue) abrite Haïti à l'ouest et la République dominicaine à l'Est. © DR
10.000 morts en 6 mois ?
Les prévisions ne sont pas plus joyeuses. D'après Ciro Ugarte de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS, une branche de l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé OMS), le bilan pourrait atteindre 200.000 hospitalisations et 10.000 morts au cours des 6 à 12 prochains mois. Si ce bilan est toutefois le résultat de l'estimation la plus sombre, il pourrait se concrétiser si les moyens mis en œuvre ne sont pas améliorés.
La population en colère avait commencé à se rebeller lundi contre des soldats de l'ONU. Une rumeur tenait en effet pour responsable de l'épidémie des casques bleus népalais, dont les fosses septiquesfosses septiques auraient été la source de la contamination. Le porteporte-parole de l'armée népalaise aurait assuré que des tests effectués auprès des soldats prouvaient leur non-culpabilité.
Entre jets de pierre du côté des haïtiens et armes à feufeu du côté des soldats, les affrontements ont causé la mort de deux personnes, 14 blessés parmi la population, et six blessés parmi les casques bleus. Un homme serait décédé sous les tirs d'un soldat de l'ONU, qui aurait agi par « légitime défense ».
Les heurts empêcheraient le bon fonctionnement de l'aide humanitaire et notamment de la distribution de matériel aux hôpitaux, ce qui pourrait contribuer à aggraver une situation déjà catastrophique. Selon l'Organisation des nations unies (ONU), 500 tonnes d'aliments auraient été pillées et brûlées. Après un calme relatif revenu au sein de la population, les manifestations auraient repris hier.
L'ONU a fait appel à l'aide internationale d'urgence afin de récolter 164 millions de dollars destinés à financer la lutte contre le choléra.