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De simples prélèvements de sang pourront peut-être servir à la production de cellules souches. © Patrick H. Lauke / Licence Creative Commons
Les cellules souches sont aujourd'hui l'objet de recherches aux quatre coins de la planète. Les enjeux sont très important car leurs applicationsapplications seraient multiples : traitement des cancers, remplacement d'organes ou de tissus défaillants... Encore au stade expérimental, les cellules souches sont néanmoins de mieux en mieux maîtrisées et les publications se succèdent chaque jour.
Au départ issues de cellules embryonnaires, encore indifférenciées (cellules souches embryonnaires, CSE), aujourd'hui les cellules souches peuvent être produites à partir de cellules adultes déjà différenciées, en les rendant pluripotentes (cellules souches pluripotentes induites, CSPi). Ethiquement beaucoup plus correctes puisque issues de tissus adultes et évitant les risques de rejet immunitaires puisqu'elles proviennent du patient à traiter, les CSPi seraient la solution thérapeutique des années futures.
Jusqu'à présent, les cellules adultes utilisées pour créer des cellules souches étaient les fibroblastes. Ces cellules de peau sont difficiles à prélever puisqu'elles nécessitent une anesthésieanesthésie, suivie d'une incision et d'une suture, technique qui, si elle n'est pas douloureuse, est quand même contraignante et peut être la source d'une infection. Après le prélèvement, un mois est nécessaire pour produire les CSPi. De plus, les cellules de la peau, soumises aux rayons du soleilsoleil, peuvent contenir un ADNADN endommagé.
Dans le dernier numéro de Cell Stem Cell, trois équipes de recherche indépendantes, américaines et japonaises, ont montré qu'il est possible de recréer des cellules souches à partir de cellules sanguines. Une vraie avancée puisque le prélèvement est beaucoup plus facile à réaliser.
Une colonie de cellules souches pluripotentes induites obtenues à partir de cellules sanguines. AP : coloration à la phosphatase alcaline, marqueur des cellules souches. © Cell Stem Cell
Un millilitre de sang suffit
Précédemment, un autre laboratoire avait déjà pu produire des CSPi à partir d'un type de cellules sanguines, mais seulement après avoir fait subir au patient un traitement hormonal favorisant la synthèse des cellules hématopoïétiques. Ici, les trois groupes indépendants montrent que, à partir d'un banal échantillon de sang prélevé de la même façon que dans un laboratoire de routine, quelques jours suffisent pour produire des CSPi.
Chacun des laboratoires a utilisé les mêmes facteurs génétiquesgénétiques, Oct4, Sox2, Klf4, et c-Myc, nécessaires à la reprogrammation cellulairereprogrammation cellulaire, et introduits dans les cellules à l'aide de vecteurs viraux. Cependant, dans deux des trois études, où un rétrovirusrétrovirus ou un lentiviruslentivirus ont été utilisés comme vecteurs, le rendement de la génération de CSPi est plus faible à partir des cellules sanguines qu'à partir de fibroblastes. Les chercheurs ont dû utiliser entre 30 et 350 millilitres de sang.
La troisième étude a été plus efficace : l'utilisation d'un autre virusvirus pour l'introduction des quatre gènesgènes de reprogrammation, le virus Sendai, a permis de n'utiliser qu'un seul millilitre de sang pour obtenir des CSPi. L'autre avantage de cette technique est que les gènes apportés par le vecteur viral ne s'insèrent pas dans le génomegénome de la cellule.
Pour l'instant, il est encore prématuré pour déterminer la réelle efficacité de ces CSPi issues de cellules sanguines. La véritable pluripotencepluripotence des cellules n'a pas été vérifiée : il n'est pas impossible qu'elles aient mémorisé leur provenance et qu'elles soient donc davantage aptes à se différencier en cellules hématopoïétiques qu'en un autre type cellulaire. D'ailleurs, les chercheurs ont montré la capacité des CSPi à se différencier en divers types de cellules sanguines, tout en omettant de tester les autres. Pourtant, l'insertion de ces cellules dans des souris a montré que les CSPi obtenues peuvent se développer en trois types de cellules souches de base. Ces trois types peuvent en théorie se différencier ensuite en tous les types cellulaires connus, mais cela n'a pas été montré ici.
Ces résultats sont en tout cas plutôt encourageants. Si les applications thérapeutiques sont encore loin, cette découverte permet déjà d'obtenir des CSPi plus facilement, plus rapidement et à moindre coût. De quoi faire avancer la recherche encore plus vite, en tout cas espérons-le...