La levée de l’interdiction de la recherche sur les cellules souches embryonnaires ordonnée il y a huit ans par George W. Bush marque la fin d’un âge sombre pour la science génétique américaine mais inquiète les conservateurs.

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    Cellule souche embryonnaire humaine se développant sur une couche de fibroblastes. Crédit : DR

    Cellule souche embryonnaire humaine se développant sur une couche de fibroblastes. Crédit : DR

    Peu de temps après son arrivée au pouvoir, l'ancien président George W. Bush avait interdit le financement par l'Etat de la recherche sur les cellules souches embryonnaires sous divers prétextes éthiques et religieux. Conformément à sa promesse, le Président Barack Obama vient de signer le décret levant cette restriction, ouvrant à la Science une des voies de recherche les plus prometteuses de la médecine.

    Cette interdiction barrait la progression de diverses avancées prometteuses dans le domaine médical, et plus particulièrement dans la guérison de pathologies sévères comme le diabète, la maladie de Parkinson, le traitement de lésions de la moelle épinièremoelle épinière ou même de maladies dégénératives congénitales atteignant le cerveaucerveau. Les cellules souches restent dans un état pas ou peu différencié et sont susceptibles d’évoluer vers de multiples types cellulaires. Le principal objectif des chercheurs, dans ce domaine, est de pouvoir orienter cette évolution de façon à pouvoir remplacer des cellules endommagées et permettre la reconstruction, la reconstitution de tissus ou d'organes lésés.

    Cellule souche embryonnaire humaine non différenciée. Crédit : DR

    Cellule souche embryonnaire humaine non différenciée. Crédit : DR

    Mais le prélèvement de cellules souches implique la destruction d'embryonsembryons humains, ou plutôt de blastocystesblastocystes, le stade de développement embryonnaire précoce des mammifèresmammifères (5 à 7 jours après la fécondationfécondation de l'ovuleovule chez l'Homme). Le blastocyste regroupe les cellules périphériques (trophoblastestrophoblastes), qui donneront le placentaplacenta et le cordon ombilicalcordon ombilical, et les cellules de la massemasse interne, qui donneront le bouton embryonnaire puis l'embryon proprement dit.

    Les cellules de la masse interne, au nombre d'une centaine le sixième jour, peuvent être prélevées et mises en culture : ce sont les cellules souches embryonnaires. En pratique, ces cellules sont prélevées sur des blastocystes surnuméraires inutilisés lors de fécondations in vitro dans les cliniques spécialisées, habituellement détruits. Par définition indifférenciés, ces ensembles cellulaires ne constituent pas un organisme vivant aux yeuxyeux de la science.

    Ce n'était pourtant pas l'avis des conservateurs religieux à l'origine de la détermination de George W. Bush. Tony Perkins, président de l'organisation conservatrice Family Research Council, qualifie l'initiative de « décret meurtrier » et estime que « ...cette nouvelle est une gifle à la figure des Américains qui croient à la dignité de la vie humaine ». Le représentant républicain du New Jersey Chris Smith, membre du comité Pro-Vie à la Chambre des représentants, conclut que « le Président Obama tient absolument à tuer des embryons humains pour faire des expériences aux frais du contribuable ».

    Les chercheurs, eux, se réjouissent. « Ceci marque la fin d'un long chapitre de répression dans l'histoire des sciences. C'est la "proclamation d'émancipation" des cellules-souches », résume Robert Lanza, d'Advanced Cell Technology (Massachussetts), tandis que Irving Weismann, directeur de l'Institut des biologies des Cellules souches et de Médecine régénératrice de Stanford estime que le Président Obama a débarrassé la recherche de l'entrave politique et idéologique. « Il n'était pas dans la tradition des Américains d'interdire, pour des raisons idéologiques, un type de recherche biomédicale, porteur de tant de promesses pour comprendre et soigner des maladies », se réjouit-il.