La France va-t-elle rejoindre la majorité des pays développés qui utilisent officiellement le cannabis à des fins thérapeutiques ? Si rien n'est encore sûr, les essais devraient démarrer très bientôt suite à l'accord de l'Agence de sécurité nationale du médicament (ANSM) pour la première phase expérimentale française.
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Si le débat fait rage autour de sa légalisation pour l'usage récréatif, on avait du mal à comprendre pourquoi les autorités sanitaires françaises s'entêtaient à ne pas autoriser d'essais sur les potentielles vertus thérapeutiques du cannabis. Si le sujet était tabou, c'est désormais de l'histoire ancienne. Après avoir effectué une revue de la littérature scientifique sur le sujet effectué par ses experts, l'ANSM a donné le feufeu vert, le 28 juin dernier, pour le lancement des premiers essais thérapeutiquesessais thérapeutiques.
Le saviez-vous ?
Le cannabis qui donne faim (très faim) est un truisme dans les milieux où on l'a déjà goûté. Récemment, une expérience a étudié les effets de la stimulation du système endocannabinoïde par un médicament à base de THC et a confirmé la réalité scientifique de cette sensation partagée par la plupart de fumeurs de cannabis.
Sous quelles formes le cannabis va-t-il être prescrit ?
Que les fumeurs ne se fassent pas d'illusion : pas de joints au sein des prescriptions thérapeutiques envisagées, en raison bien évidemment des effets nocifs avérés de la combustioncombustion sur la santé. Les différents modes d'administration se feront par comprimés sublingual ou par inhalation. Les ratios des moléculesmolécules actives (THC et CBDCBD) pourront varier selon les effets que les scientifiques voudront induire.
Qui sera concerné ?
Les concernés seront les personnes atteintes de douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapiesthérapies classiques accessibles, certaines formes d’épilepsie pharmacorésistantes, certains symptômessymptômes rebelles en oncologieoncologie (nausées, vomissements, anorexieanorexie...), dans les situations palliatives, dans la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologiespathologies du système nerveux centralsystème nerveux central.
Si vous êtes dans un de ces cas vous pourrez prétendre à intégrer les essais, hormis si vous êtes une femme enceinte ou allaitante. Une formation des médecins sera nécéssaire au préalable pour pouvoir participer en tant que prescripteur. Dans le but d'effectuer un suivi rigoureux pour évaluer l'état des patients (bénéfices, effets indésirables, etc.), un recueil de données pour alimenter un registre national électronique sera mis en place.
Des réponses dans deux ans
L'inclusion des patients au sein des protocolesprotocoles démarrera dans six mois et sera close dans un an. Ils seront suivis pendant la même duréedurée (six mois). Enfin, lorsque six mois supplémentaires se seront écoulés à la fin des expérimentations, un rapport définitif sera rendu par le comité scientifique de l'ANSM. Si vous êtes bon en calcul mental, vous savez déjà que le rendez-vous final sera normalement prévu dans deux ans.
Cannabis thérapeutique : il n'y a aucune raison de s'y opposer pour le Comité éthique et cancer
Article de Futura avec Relaxnews, publié le 28/11/2018
Présidé par le professeur Axel KahnAxel Kahn, le Comité éthique et cancercancer vient de rendre son avis sur l'usage du cannabis à des fins thérapeutiques par des adultes gravement malades. Bien que l'effet bénéfique de cette droguedrogue dite « douce » ne soit pas prouvé dans ce cas de figure, le Comité ne voit pas de raison valable pour continuer de l'interdire.
Une instance consultative n'a pas trouvé de raison de s'opposer à l'usage du cannabis par des adultes atteints d'une maladie grave qui disent en tirer un bénéfice, même si ce dernier n'est pas démontré de façon rigoureuse. Atteinte d'un cancer, une patiente affirme que la consommation de ce produit la soulage de douleurs intenses et chroniques et de ses nausées ; elle avait saisi le Comité en l'interrogeant sur le caractère éthique ou non de l'interdiction du cannabis dans un contexte thérapeutique. Elle compare l'interdiction actuelle à « un refus de soins », indiquait, mardi, le Comité présidé par le professeur Axel Kahn, généticiengénéticien et président honoraire de l'université Paris-Descartes.
Malgré les « données encore insuffisantes » sur les effets thérapeutiques du cannabis, le Comité s'est attaché à déterminer s'il existe des raisons éthiques de s'opposer à la consommation de cannabis par des malades qui s'en disent soulagés. « Aucun des arguments possiblement en défaveur d'une telle consommation ne lui est apparu de nature à continuer de l'interdire », estime-t-il. « En particulier, il n'a pu identifier d'effet néfaste avéré assez sérieux pour s'opposer à une semblable pratique par des personnes adultes atteintes d'une maladie grave, potentiellement mortelle et qui déclarent en tirer bénéfice ». Cependant, il recommande de ne pas le fumer et de privilégier d'autres formes de consommation.
Encadrer l’accès au cannabis thérapeutique
Selon le Comité, dont l'avis est disponible en ligne (ethique-cancer.fr), il conviendrait que l'accès au cannabis ou à ses substances activessubstances actives « puisse être encadré par les autorités de santé, afin d'apporter aux personnes malades les garanties nécessaires quant à la qualité, aux concentrations et aux modalités d'utilisation optimale du cannabis ou de ses substances actives ».
Cet « encadrement permettrait de surcroît aux personnes malades de se dispenser de faire appel à des circuits parallèles » pour s'en procurer et « leur éviterait également de risquer des poursuites pénales du fait de leur consommation ». La Ligue contre le cancer est à l'origine de la création du Comité éthique et cancer, instauré en 2008 par Roselyne Bachelot-Narquin, alors ministre de la Santé. Un comité d'experts de l'Agence du médicament (ANSM) remettra ses premières conclusions d'ici à la fin de l'année sur l'intérêt de mettre en place un accès à du cannabis thérapeutique en France.
Le cannabis thérapeutique : la France encore réticente
Article de AFP, paru le 13/03/2013
Le cannabis possède des propriétés thérapeutiques pour certaines maladies comme la sclérose en plaquessclérose en plaques, l'épilepsieépilepsie ou encore le cancer. Pourtant, en France, le débat sur le cannabis « récréatif » brouille les pistes et limite son utilisation : un seul médicament est disponible, le Marinol (le nom commercial du dronabinol), qui est peu prescrit par les médecins. La France rattrapera-t-elle son retard par rapport à ses partenaires européens ?
L'intérêt pour le cannabis, ou chanvre indien, utilisé comme plante médicinale depuis l'Égypte ancienne, a été relancé dans les années 1990 par la découverte d'un analogue fabriqué par l'organisme. En effet, le cannabinoïde endogèneendogène est présent dans le cerveaucerveau des Hommes comme des animaux.
Depuis, des dizaines d'études ont permis de confirmer le bénéfice du cannabis thérapeutique dans plusieurs cas : spasmes musculaires dans la sclérose en plaque et dans l'épilepsie, douleurs chroniques dans certaines pathologies neurologiques, stimulationstimulation de l'appétit ou encore préventionprévention des nausées et vomissements chez les personnes atteintes d'un cancer. En outre, le cannabis pourrait s'avérer utile dans le traitement de l'anorexie, et même avoir un effet positif sur l'inflammationinflammation ou sur la pression artériellepression artérielle. Des recherches se poursuivent pour confirmer son intérêt thérapeutique.
Le cannabis thérapeutique, un sujet encore tabou en France
Pourtant, bien que les vertus médicinales du cannabis soient de plus en plus reconnues par la communauté scientifique, son utilisation en France reste un sujet largement tabou. « Le problème est celui de la représentation que le grand public se fait des dangers du cannabis », explique le professeur Michel Reynaud, chef du service d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif, tout en regrettant qu'on ne tienne pas suffisamment compte en France des dernières données scientifiques.
En effet, alors que l'usage médical du cannabis est d'ores et déjà une réalité dans plusieurs pays européens dont l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, ainsi qu'en Australie, au Canada et dans plusieurs États américains, la France reste extrêmement réticente. Un seul dérivé cannabinoïdecannabinoïde, le Marinol (nom commercial du dronabinol), peut actuellement être prescrit pour le traitement des douleurs chroniques. Cela peut se faire dans le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation, une procédure spéciale réservée à des pathologies pour lesquelles il n'existe pas de traitement approprié.
Pas d’autre dérivé cannabinoïde sur le marché français en vue
De plus, la vaste polémique sur la légalisation du cannabis « récréatif » brouille encore plus le débat, et les médecins hésitent à prescrire le dronabinol. « Les prises de position ne sont pas rationnelles », relève le professeur Reynaud, qui reconnaît que beaucoup de médecins réagissent comme le grand public sur cette question. Le ministère de la Santé a pourtant fait un petit pas le mois dernier en demandant à l'agence du médicament (ANSM) d'étudier le dossier du Sativex (Bayer), un spray à base de dérivés du cannabis. Celui-ci est déjà disponible dans la plupart des pays européens pour soulager des patients atteints de sclérose en plaques. Mais pour qu'un dossier de demande d'autorisation de mise sur le marché puisse être déposé auprès de l'ANSM, il faudrait d'abord modifier un décret interdisant l'utilisation des dérivés de cannabis à visée thérapeutique.
L'utilisation du cannabis dans les traitements en France a mauvaise réputation pour le moment, et reste donc encore difficile. Le retard de la France dans ce domaine met en relief la nécessité et l'importance de la diffusiondiffusion de l'information scientifique au grand public.
Ce qu’il faut
retenir
- L'ANSM s'est engagée à préparer les modalités techniques de mise en œuvre de l'expérimentation.
- Très peu d'affections seront concernées par ces essais (situation de pharmacorésistance, effets secondaires persistants ou situation palliative principalement).
- Le rapport définitif devrait être rendu dans minimum deux ans.