au sommaire
- À lire, notre dossier sur le traitement contre le cancer
Si l'on veut diriger le système immunitaire contre les cellules cancéreuses, il faut lui fournir une cible. Parmi les plus intéressantes figure la glycoprotéine MUC1, déjà utilisée avec succès dans des vaccins chez les souris car elle se retrouve en grande quantité à la surface de 90 %, ou peut-être un peu moins, des cellules tumorales. Plusieurs équipes de recherches tentent de transposer cette réussite à l'Homme. Pour le moment, rien de transcendant n'a surgi. Mais les choses pourraient changer...
L'espoir est ravivé par la firme pharmaceutique Vaxil Biotherapeutics, associée à des chercheurs de l'université de Tel Aviv (Israël). Les scientifiques ont récemment lancé un essai clinique chez dix patients atteints d'un myélome multiplemyélome multiple (cancer des cellules hématopoïétiques de la moelle osseuse) pour vérifier que leur vaccin thérapeutique était sans danger pour l'Homme. Leurs résultats ne sont pas encore officiellement publiés que l'on peut déjà se faire une première idée via un communiqué de presse du laboratoire.
ImMucin sans effet secondaire indésirable
Pour éviter les confusions, il faut d'abord préciser que le produit est à usage curatifcuratif, et non préventif. Baptisé ImMuccin, il se compose en fait d'un peptide antigénique de 21 acides aminésacides aminés issu de MUC1. Après administration, le système immunitaire apprend à le reconnaître et à détruire les cellules qui le présentent. Il est conçu pour les personnes déjà atteintes par un cancer afin d'aider leur organisme à se débarrasser de la tumeurtumeur, mais pas pour prévenir de leur apparition.
Les chercheurs espèrent que leur vaccin sera efficace contre les cancers les plus fréquents et les plus mortels, incluant ceux du sein (avec des cellules tumorales visibles à l'image), de la prostate, du poumon ou encore du foie. Entre autres. © Dr David Becker, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Pour l'heure, sept des volontaires ont terminé le traitement et aucun n'aurait manifesté d'effet secondaire indésirable après avoir reçu 12 doses. Une donnée importante car les cellules saines de l'organisme sont elles aussi pourvues en MUC1, mais en faible quantité. Les défenses de l'organisme les auraient globalement épargnées. La première phase du test clinique devrait pouvoir être validée, mais il faut encore attendre les publications officielles.
Le vaccin pourrait faire reculer le cancer
Un autre fait encourageant émerge de l'étude. Bien qu'elles ne soient pas vraiment exploitables, les analyses montrent chez tous ces individus que leur immunitéimmunité contre le cancer est plus forte après le traitement qu'elle ne l'était avant. Pour cela, deux à quatre doses suffisent. Le laboratoire se vante même que pour trois des patients, on ne décèle plus leur tumeur.
Si les résultats définitifs confirment ces données préliminaires, les scientifiques espèrent que leur vaccin pourra être commercialisé dans six ans. Il serait alors utilisé contre les tumeurs de petites tailles ou pour aider à prévenir les récidivesrécidives et la propagation à d'autres organes chez des patients ayant déjà subi d'autres traitements comme le retrait chirurgical.
Il faut rester pondéré face à cette apparente réussite. Aucune publication officielle n'est venue confirmer l'information car la première phase clinique n'est même pas encore terminée. Peut-être s'agit-il aussi d'une firme pharmaceutique qui cherche à faire sa promotion en attirant l'attention sur elle. Rappelons quand même que le vaccinvaccin est censé avoir un spectrespectre d'action très large et concernerait 75 à 90 % des tumeurs, mais qu'il n'a été testé que sur le myélome multiple. Seul un travail scientifique conséquent permettra de vérifier la sécurité et l'efficacité du traitement. À ce moment, on saura si l'espoir suscité était bien réel.