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Si les résultats de l'étude ne montrent pas de lien entre les cancers et l'utilisation du téléphone portable, il est cependant important de continuer les recherches. © Phovoir
« Il n'existe pas de relation entre l'utilisation du téléphone portable et le risque d'apparition de tumeurs cérébrales », rapportaient ce vendredi des médecins suisses, dans le British Medical Journal. S'agit-il d'une étude de plus sur les centaines réalisées sur le sujet ? Pas vraiment. Celle-ci, en effet, a porté sur plus de 350.000 Danois, suivis pendant dix-sept ans ! C'est dire son ampleur.
Réalisé au Danemark donc, ce travail a été piloté par une Helvète, Patrizia Frei du Swiss Tropical and Public Health Institute de Bâle. Avec son équipe, elle a prolongé un premier travail, réalisé par Danois entre 1982 et 1995 sur ce même sujet. À l'époque, celui-ci n'avait mis en évidence aucune relation entre l'utilisation du portable et le risque de cancer.
Des risques similaires de tumeur cérébrale
Après avoir repris les informations de cette cohorte et les avoir actualisées sur la période 1990-2007, Patrizia Frei a recensé cette fois 10.729 cas de tumeurs du système nerveux central sur une cohorte comportant exactement 358.043 sujets. Les cancers en question ont été dans la plupart des cas, des gliomes et des méningiomesméningiomes.
« Les chiffres que nous avons retrouvés ont été similaires - donc statistiquement non significatifs - chez les usagers de mobilesmobiles et les autres sujets », explique-t-elle. L'étude n'a pas non plus mis en évidence de risque particulier de voir se développer des tumeurs affectant les zones les plus proches de l'appareil.
Selon l'étude danoise, l'utilisation du téléphone portable ne serait pas un facteur de risque de tumeur cérébrale. © everyone's idle, Flickr CC by sa 2.0
Les travaux doivent être poursuivis
La duréedurée d'exposition n'aurait pas non plus d'influence sur le risque de cancer. Dans ce travail, elle reste cependant limitée à treize ans. Il n'existe donc pour l'heure aucune donnée confortant l'existence d'un risque particulier, lié à une exposition plus intense ou de plus longue durée.
Dans un éditorial publié dans le même numéro du BMJ, Anders Ahlbom du Karolinska Institutet de Stockholm (Suède) souligne que ces « nouvelles données sont rassurantes. Mais il reste très important et recommandé de poursuivre les travaux sur cette problématique ».
Notons que ces conclusions vont dans le sens de celles - peu claires il est vrai - de l'étude Interphone, pilotée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l'OMSOMS à Lyon. Ce travail avait porté sur plus de 6.500 patients atteints de tumeurs cérébrales dans treize pays (Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Finlande, France, Israël, Italie, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Suède). En mai 2010, les conclusions que le monde attendait avaient déçu. Les auteurs avaient alors évoqué une absence d'augmentation du risque de cancers pour les utilisateurs de portables, tout en précisant que les recherches devaient être poursuivies.