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Le cancer, c'est une souffrance. Dès le moment de l'annonce, le quotidien prend une autre tournure. À la tribune du congrès Eurocancer, le philosophe Yannis Constantinidès explique même que le patient doit alors vivre avec une nouvelle identité. Bien qu'elle ne soit en rien somatiquesomatique, cette souffrance psychique est pourtant à prendre en compte. Et celle-ci s'amplifie en même temps que le corps s'endolorit, du fait de la tumeur grossissante ou des traitements lourds.
Le médecin, qui objective souvent la maladie et l'aborde de façon très technique, ne doit pas perdre sa subjectivité envers le patient. Car s'il n'est pas toujours certain de pouvoir l'aider à survivre, il a le devoir d'atténuer la souffrance du malade. Comme le précise Nathalie Lelièvre, juriste spécialisée dans les questions de santé, la loi précise que « toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur ». Inévitablement, un tel texte implique une préventionprévention, une évaluation et une prise en compte de la souffrance avant traitement.
Douleur et fin de vie, le débat continue
Si le personnel de santé se laisse généralement piloter par les remarques du patient quand celui-ci est conscient, peut arriver le moment où il perd le contact avec la réalité, peu avant son dernier souffle. À ce stade, la mort semble inéluctable. Pour autant, le médecin se doit de continuer à accompagner le malade et à lui éviter autant que possible les douleurs. Faut-il s'acharner si la fin est proche ?
« La médecine m'a davantage appris à soigner qu'à accompagner », a précisé Jean Leonetti durant son intervention. Pourtant, cette seconde partie est indispensable pour aider le patient à partir dans les meilleures conditions. © Kendrak, Flickr, cc by nc sa 2.0
Pour donner des arguments à ce débat, qui de mieux que Jean Leonetti, le député qui a donné son nom à la loi sur la fin de vie en France ? L'homme politique, fort de son expérience en cardiologie, explique que la réglementation exige « un non-abandon, une non-souffrance et un non-acharnement thérapeutique ». Et de préciser qu'en fin de vie, « la qualité de vie prime sur la quantité ».
Accompagner le patient ou abréger les souffrances ?
Deux concepts s'affrontent. L'Académie nationale de médecine préconise de tout mettre en œuvre pour soulager la douleur du patient atteint du cancer, même si les traitements antalgiques raccourcissent l'espérance de vie. « De toute façon, la douleur aussi accélère la survenue de la mort », ajoute Jean Leonetti. L'intention première est donc de faire en sorte que les dernières journées du malade soient moins difficiles à vivre.
De l'autre côté, le Conseil national de l'ordre des médecins serait plutôt partisan de l'idée de la sédation terminale. En toute fin de vie, le traitement antalgiqueantalgique est délivré à très haute dose, avec une double intention. D'une part, atténuer la douleur, et d'autre part, réduire les délais d'agonie. Une forme d'euthanasie appliquée aux cas les plus extrêmes, bien que cette pratique soit théoriquement illégale en France.
La législation se place du côté du premier concept. Mais à l'avenir, les choses pourraient encore évoluer. Une chose est sûre : le débat continue de diviser le monde médical, qui doit faire face à une question plus que délicate, à traiter souvent au cas par cas. Cependant, ses discussions sont toujours la preuve que la médecine, ayant actuellement un degré de perfectionnement et de technicité inégalé, ne s'éparpille pas dans les innovations médicales, mais continue de focaliser son action sur le patient.
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Parce que le monde de la recherche est parfois un peu obscur, Futura-Sciences veut être l'un des relais entre l'universunivers des spécialistes et le grand public. C'est à ce titre que nous nous sommes rendus au congrès Eurocancer, les 25 et 26 juin au Palais des congrès de Paris, le plus grand congrès francophone sur le cancer. Et nous ne sommes pas revenus les mains vides...