Faites l’amour, pas la guerre ! C’est peut-être le message qu’il faudrait faire passer à certains neurones : des chercheurs californiens ont découvert que s'ils stimulaient certaines cellules du cerveau, des souris cherchaient soit à se battre, soit à copuler.

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    Les neurones testés chez la souris par les chercheurs dans cette étude se trouvaient dans l’hippocampe, comme ceux de cette photo. © MethoxyRoxy, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    Les neurones testés chez la souris par les chercheurs dans cette étude se trouvaient dans l’hippocampe, comme ceux de cette photo. © MethoxyRoxy, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    Les comportements agressifs et sexuels sont tous deux innés chez les animaux ; ils sont commandés par certains neurones du cerveau. Des scientifiques du California Institute of Technology (Caltech) ont localisé dans l'hypothalamus des neurones liés à ces deux comportements.

    Les faits : les mêmes cellules contrôlent deux comportements différents

    Dans un article paru dans Nature, les chercheurs présentent les résultats étonnants qu'ils ont obtenus sur des souris en essayant de stimuler des neurones situés dans l'hypothalamus ventromédial : les mêmes cellules inciteraient à la fois à la violence et aux rapports sexuels.

    Pour arriver à ce résultat, ils ont employé une technique particulière, l'optogénétique, qui utilise des impulsions lumineuses pour stimuler des neurones. Par exemple, une fibre optiquefibre optique peut être implantée dans le cerveau d'une souris. La lumièrelumière émise permet de contrôler des neurones génétiquement modifiés afin de devenir sensibles à la lumière.

    Grâce à l'optogénétique, les chercheurs ont montré que lorsque certains neurones étaient fortement stimulés, la souris commençait à se battre, alors que s'ils étaient faiblement stimulés, elle essayait d'avoir des rapports sexuels.

    Lorsque les neurones Esr1<sup>+</sup> sont faiblement stimulés, la souris mâle cherche à monter sur une autre souris. Mais lorsqu’ils sont fortement stimulés, elle devient agressive. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Lorsque les neurones Esr1+ sont faiblement stimulés, la souris mâle cherche à monter sur une autre souris. Mais lorsqu’ils sont fortement stimulés, elle devient agressive. © Rama, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

    Décryptage : les récepteurs des œstrogènes impliqués

    Les cellules nerveuses qui ont été stimulées dans cet article étaient des neurones exprimant un récepteur des œstrogènes : les neurones Esr1+ (oestrogen receptor 1). Les œstrogènesœstrogènes sont des hormones produites essentiellement par les ovairesovaires des femelles, mais d'autres organes en fournissent un peu, y compris chez les mâles. C'est pourquoi les souris mâles peuvent posséder des récepteurs des œstrogènes sur certaines cellules. Les chercheurs ont donc voulu explorer le rôle de ces neurones, portant un récepteur des œstrogènes, chez des souris mâles.

    C'est ainsi que par optogénétique, ils ont montré que les neurones Esr1+ permettent de déclencher un comportement d’attaque, et non les neurones Esr1- (sans le récepteur d'œstrogènes Esr1). Lorsque ces neurones étaient plus faiblement stimulés, la souris essaie de monter sur d'autres souris mâles ou femelles, elle les flaire, les inspecte de près, mais ne les attaque pas. En revanche, lorsque les chercheurs augmentent la stimulationstimulation, la souris mâle se met à attaquer d'autres souris, mâles comme femelles.

    No panic : des résultats expérimentaux chez la souris

    Ces résultats indiquent que les œstrogènes semblent jouer un rôle important dans le contrôle de l'agressivité des souris mâles. Mais on ne sait pas si ces résultats peuvent être extrapolés à l'espèceespèce humaine, même si les structures des cerveaux des souris et des humains sont assez proches.

    Notons cependant que le cerveau humain est particulièrement développé, permettant une grande capacité de réflexion et de contrôle des émotions et des pulsions. Nos comportements ne sont pas uniquement dictés par des messages chimiques, génétiquesgénétiques, nerveux ou hormonaux...