Une nouvelle étude états-unienne suggère que le choix d’un avatar dans un jeu vidéo a une influence sur notre rapport aux autres dans la vie réelle. Jouer le rôle du méchant rendrait antisocial !

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    Des étudiants ont joué pendant cinq minutes à combattre des ennemis dans un jeu vidéo, avec un avatar de superhéros ou de méchant. À la suite de cette expérience, leur comportement n'était pas le même vis-à-vis des autres : jouer avec un avataravatar de méchant encourageait à punir des inconnus sans raison...

    Les faits : le choix d’un avatar a un impact dans la vie réelle

    Un nouvel article paru dans Psychological Science relance le débat sur l'influence des jeux vidéojeux vidéo sur le comportement, notamment quand il s'agit de violence et d'agressivité. En effet, des chercheurs de l'université de l'Illinois ont montré que le choix d'un avatar pourrait modifier notre comportement vis-à-vis des autres.

    Pour Gunwoo Yoon, principal auteur de ces travaux, « nos résultats indiquent que jouer pendant seulement cinq minutes le héros ou le méchant dans un environnement virtuel peut facilement pousser les gens à récompenser ou punir des personnes qui leur sont étrangères. »

    Pour les auteurs, les jeux vidéo fournissent aux individus une occasion d'assumer une identité qu'ils ne peuvent avoir dans le monde réel. Dans le jeu, ils rencontrent des situations exceptionnelles dans lesquelles ils peuvent observer et imiter des comportements. C'est pourquoi les chercheurs ont voulu savoir si l'expérience vécue dans le virtuel, sous une fausse identité, pouvait modifier le comportement de l'individu revenu dans la vie réelle.

    Décryptage : certains avatars favorisent un comportement antisocial

    Les chercheurs ont réalisé plusieurs séries d'expériences. Dans la première, 194 étudiants (95 hommes et 99 femmes, âgés de 20 ans en moyenne) ont participé à une étude en deux parties, mais les chercheurs leur ont dit qu'il s'agissait de deux études bien distinctes : l'une sur un jeu vidéo, l'autre sur un test gustatif.

    Lord Voldemort, aussi appelé « Vous-Savez-Qui » ou «Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom », est le principal ennemi d’Harry Potter. Les participants d’une étude qui l’ont choisi comme avatar dans un jeu se sont révélés plus punitifs que les autres dans une expérience réelle. © Kevindooley, Flickr, cc by sa 2.0

    Lord Voldemort, aussi appelé « Vous-Savez-Qui » ou «Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom », est le principal ennemi d’Harry Potter. Les participants d’une étude qui l’ont choisi comme avatar dans un jeu se sont révélés plus punitifs que les autres dans une expérience réelle. © Kevindooley, Flickr, cc by sa 2.0

    Tout d'abord, les participants ont joué pendant cinq minutes à un jeu, avec comme avatar soit un héros (Superman), soit un méchant (Voldemort), soit un cercle neutre. Le jeu consistait à combattre des ennemis. Dans la deuxième partie de l'étude, censée ne pas être liée à la première, les participants ont goûté du chocolat et de la sauce chili épicée. Ensuite, on leur a demandé de préparer le chocolat et la sauce chili pour le participant suivant, en mettant la quantité qu'ils voulaient dans un sac en plastiqueplastique. Ils ont été informés que le candidat suivant devrait manger toute la nourriture du sachet.

    Résultats : les étudiants qui ont joué le rôle de Superman ont préparé deux fois plus de chocolat que de sauce chili ; ils mettaient aussi significativement plus de chocolat que les autres. À l'inverse, ceux qui ont joué avec l'avatar de Voldemort ont choisi deux fois plus de sauce chili que de chocolat, et ils ont mis significativement plus de sauce chili que les autres ! Par conséquent, jouer avec un avatar de méchant conduirait à un comportement punitif envers des personnes inconnues.

    No panic : plus d’avatars héroïques pour plus de comportements sociaux

    Heureusement, il y a tout de même une bonne nouvelle, puisque les participants qui ont joué le rôle de Superman étaient plus bienveillants et généreux que les autres. C'est pourquoi les auteurs suggèrent de créer des jeux avec plus d'avatars héroïques afin d'encourager les comportements sociaux.

    Enfin, dans une autre petite expérience, les chercheurs ont montré que jouer avec un avatar avait un impact plus fort que de simplement regarder une démonstration du jeu : les participants qui ont joué avec un avatar de méchant ont servi plus de sauce chili que ceux qui ont simplement observé le jeu. Ceci signifie que regarder quelqu'un jouer aurait peu d'effet sur le comportement dans la vie réelle.