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Le bisphénol A se retrouve dans de nombreux composants liés à l’alimentation ou à la boisson, comme dans les canettes. C’est ainsi qu’on l’ingère en partie et que 90 % de la population occidentale présente ce perturbateur endocrinien dans son sang et ses urines. Méfiance... © Retska, StockFreeImages.com
Le bisphénol Abisphénol A (BPA) nous entoure. Présente dans les bouteilles plastiquesplastiques, les boîtes de conserve, les canettes et autres contenants alimentaires pendant encore plusieurs mois, cette résine ne cesse de révéler son effet toxique sur la santé animale et humaine. Nocif pour les intestins, favorisant l'asthme ou l'hyperactivité, il agit même à faible dose si bien que l'Union européenne l'a déjà banni des biberons.
La moléculemolécule entre dans la famille des perturbateurs endocriniens, c'est-à-dire qu'elle interfère avec le système hormonal. La plupart des études sur le sujet portaient sur ses effets sur les fonctions sexuelles de l'organisme, pilotées par différentes hormones. Mais l'attention des chercheurs a rarement été portée sur d'autres systèmes endocriniens, comme celui de la thyroïde.
Cette glande située dans le cou joue un rôle fondamental. Or, une étude du laboratoire Toxalim, qui dépend de l'université de Toulouse, pourrait laisser penser qu'une exposition au BPA durant la grossesse diminuerait la fonction thyroïdienne aussi bien chez la mère que chez l'enfant. Mais cela ne reste pour l'heure qu'une extrapolation qui manque peut-être de pertinence...
La thyroïde, située au niveau du cou, intervient dans la régulation de systèmes hormonaux. Elle est indispensable à l'intelligence, car une hypothyroïdie est associée au crétinisme. © NIH, Wikipédia, DP
Le bisphénol A mauvais pour la thyroïde
Le travail publié dans Endocrinology n'a pas été effectué sur l'espèceespèce humaine, mais sur un modèle animal qui retranscrit bien l'effet des polluants durant la grossesse et sur la régulation de la thyroïdethyroïde : le mouton.
Au sein d'un troupeau, seules les femelles ayant déjà connu plusieurs grossesses ont pris part à l'expérience. Durant leur gestationgestation, certaines d'entre elles ont subi une injection sous-cutanée quotidienne de BPA quand les autres servaient de groupe de contrôle. Des échantillons de sang récolté au niveau jugulaire ou dans le cordon ombilicalcordon ombilical ont été analysés, ainsi que le liquide amniotiqueliquide amniotique afin de déterminer les taux en BPA, en TSH (thyroïd-stimulating hormone) et en thyroxinethyroxine, hormone sécrétée par la glande thyroïde.
Quelles conséquences sanitaires ? Les brebis et leurs petits soumis au polluant présentaient des taux de thyroxine inférieurs à leurs congénères, signe d'une diminution de la fonction thyroïdienne. Cela pourrait ne pas être sans conséquence sur les développements neural et cognitif des moutons.
Un risque pour femmes enceintes et bébés encore mal mesuré
Faut-il s'inquiéter pour la santé humaine ? Difficile à dire. Les auteurs le reconnaissent eux-mêmes, les taux de BPA retrouvés dans les brebis sont jusqu'à 15 fois plus élevés que les concentrations les plus fortes retrouvées chez la femme enceinte. Avec de tels écarts par rapport à la réalité, il est impossible d'être affirmatif.
Les chercheurs français se félicitent malgré tout d'avoir mis en évidence un risque potentiel d'hypothyroïdiehypothyroïdie chez la mère et son enfant. Ils appellent à de nouvelles études plus précises et spécifiques afin de déterminer les dangers réels pour l'Homme.