Mon bébé pleure dans son lit : faut-il que je le prenne dans mes bras ? Selon une étude récente, la réponse serait affirmative, aussi bien pour un être humain, une panthère ou une souris. Les résultats montrent que lorsqu'une maman berce son enfant, il se calme et son rythme cardiaque diminue rapidement. Ce mécanisme physiologique se produirait également chez d’autres espèces animales.

au sommaire


    Chez de nombreux animaux, tel le lion, la mère porte son petit par la peau du cou. Cela entraîne un apaisement du lionceau. © SafariTrails.com, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Chez de nombreux animaux, tel le lion, la mère porte son petit par la peau du cou. Cela entraîne un apaisement du lionceau. © SafariTrails.com, Flickr, cc by nc nd 2.0

    En devenant maman, Kumi Kuroda, neuroscientifique japonaise, a dû affronter une réalité quotidienne : les pleurs de son bébé. Comme de nombreux parents, elle a naturellement bercé son enfant et s'est aperçue qu'il s'apaisait rapidement. Bien que ce phénomène soit une évidence pour beaucoup, cette chercheuse a voulu en savoir plus : que se passe-t-il pour que nos nourrissons se calment une fois portés ?

    De retour dans son laboratoire, au Riken Brain Science Institute près de Tokyo, Kumi Kuroda et son équipe ont cherché à répondre à cette question. Les résultats, publiés dans la revue Current Biology, présentent les changements physiologiques qui se produisent lorsqu'une mère se promène avec son bébé. Ces mécanismes seraient les mêmes chez les animaux.

    Les bébés aiment être portés. Selon cette étude, leur rythme cardiaque ralentirait une fois bercés dans les bras de leur maman. © Kristina Walter, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Les bébés aiment être portés. Selon cette étude, leur rythme cardiaque ralentirait une fois bercés dans les bras de leur maman. © Kristina Walter, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Pour conduire cette étude, les chercheurs ont mesuré le pouls et observé les comportements de 12 enfants âgés de 1 à 6 mois. Ces derniers ont été soumis à trois situations différentes : laissés seuls dans leur lit, portés par leur mère se tenant assise ou portés et promenés en même temps. Les résultats montrent que les enfants laissés seuls dans leur lit sont les plus grincheux et ceux dont le rythme cardiaque est le plus élevé. Par contre, les enfants bercés par leur maman pleurent moins et ont un rythme cardiaque peu élevé. Lorsqu'un enfant pleure et que sa mère le promène, il s'arrête très rapidement et ses battements cardiaques ralentissent en moins de trois secondes.

    Les bébés et les souriceaux s’apaisent quand ils sont portés

    Si l'Homme berce son enfant en le portant contre lui, d'autres animaux comme les chats, les souris et les lions transportent leurs petits dans leur gueule, entre leurs dents. Ainsi véhiculés, les bébés adoptent une posture calme et passive. Pour étudier l'effet de ce type de transport sur la physiologie animale, l'équipe de recherche a réalisé une expérience avec des souris. Pour ce faire, trois souriceaux ont été enlevés de leur nid et placés dans une sorte de cage aux mursmurs transparentstransparents et ouverte sur le dessus, de sorte que leur mère puisse venir les sauver.

    À l'aide de petites électrodesélectrodes, les auteurs ont pu mesurer les pulsations cardiaques et enregistrer les ultrasons émis par les bébés souris. Les résultats sont impressionnants : dès que leur mère les attrape, la fréquence cardiaque des souriceaux baisse et les ultrasonsultrasons s'arrêtent. « Ces changements physiologiques sont similaires à ceux observés chez le bébé humain », explique Kumi Kuroda.

    Une piste pour mieux comprendre les comportements animaux ?

    Pour mieux appréhender ce mécanisme, les auteurs ont poussé l'expérience un peu plus loin et ont appliqué un anesthésiant dans le cou des souriceaux. Cette opération a eu pour effet d'inhiber l'apaisement des souriceaux lorsque leur mère les attrape. De ce fait, la capture des petits a pris plus de temps à la mère. Selon Kumi Kuroda, « en anesthésiantanesthésiant cette zone, nous avons bloqué le signal neurologique qui indique aux bébés de se calmer lorsque leurs parents les transportent ». Elle ajoute que « la raison de ce mécanisme paraît claire, il permet probablement à la mère de transporter ses enfants plus facilement en cas de danger ».

    Cette nouvelle étude nous en apprend un peu plus sur les comportements humains et animaux. Selon Kumi Kuroda, ces découvertes pourraient conduire à une meilleure façon d'envisager l'éducation. Elle aurait de quoi rassurer les nouveaux parents : un bébé qui pleure ne chercherait pas à vous mener par le bout du nez, mais aurait juste besoin d'être pris dans vos bras.